Revista de Letras - Utad

La comparaison de L’Âne de Lucien et L’Âne d’or d’Apulée 183Le conte d’Amour et Psychè est, dans le roman, une longue et charmantedigression, il ne figure pas dans la source grecque. Ce conte ne serait pas, œuvred’Apulée, mais bien un conte faisant partie du folklore, mais peu nous importeau fond la source si le récit à la vigueur de traits qui en font une œuvre originale.De ce thème folklorique, Apulée a fait un symbole.Fallait-il y trouver un sens ? Il est certain qu’Apulée, tout en l’écrivant, s’estamusé, il est certain aussi que son jeu cache quelque chose de plus profond.Le conte d’Amour et Psyché est avant tout un conte charmant, une histoirequi doit amuser et charmer et non un traité philosophique. Ce contenuphilosophique c’est nous qui devons le découvrir.L’héroïne serait l’âme humaine. Psyché deviendra autonome lorsqu’elleconnaîtra l’Amour. Transportée par les vents, (qui étaient considérés comme desdémons de la mort qui entraînaient vers le paradis) Psyché s’endort. Sonsommeil est le symbole de la mort. Elle est morte au monde, elle se détache dece qu’elle connaît. C’est la révélation du sort de son âme qui, par l’Amour,atteint l’extase, le bien-être et la quiétude.Mais en quoi réside le comique d’Apulée dans ce conte ?Apulée, tout d’abord feint de ne pas prendre au sérieux son récit ; il est lepremier à en rire.La façon dont il nous le présente en est la preuve.Les brigands ramènent avec eux une jeune fille qu’ils comptent rendre auxsiens contre rançon. Pour calmer la douleur de celle-ci et pour la distraire, lavieille ménagère des brigands lui raconte l’histoire d’Amour et Psyché.Ainsi, ce conte, si plein de charme, si chargé de sens, nous est raconté parune vieille femme radoteuse à moitié ivre.Il semblerait illogique d’attacher toute son attention à des propos d’ivrogne.N’est-ce pas là le comble de la ruse ?Voilà décidément le grand art d’Apulée. Le comble de cette liberté qu’ilutilise consiste à jouer à un jeu, à vouloir une chose et à pouvoir faire lecontraire.Les personnages qui nous sont décrits dans le conte sont des hommes et desdieux de l’Olympe. Les dieux sont ramenés au rang des humains. Chez Apulée,cette attitude définit, bien entendu, un plan religieux. Il se moque de ces dieuxparce qu’ils ne sont pas les vrais dieux, parce qu’il ne croit pas en eux.D’autre part, le livre XI est en opposition avec le reste de l’œuvre. Tout celivre XI est entièrement consacré à Lucius. Ainsi l’analyse de la structure duroman invite à détacher deux morceaux, le conte et le livre XI.Le conte nous venons d’en voir la signification, voyons maintenant celle dulivre XI.