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Texte en format pdf (16.000 ko) - Jean-Pierre Morenon, le coin des ...

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LES LOIS 201<br />

205<br />

92-XVIIIr 1. Si un esclave d'homme libre a frappé la tête (cerveau, joue)<br />

d'un fils d'homme libre.<br />

2-3. on coupera son oreil<strong>le</strong>.<br />

§ 206<br />

4-8. Si un homme, dans une rixe, a frappé un homme et lui a fait une<br />

b<strong>le</strong>ssure<br />

9-13. cet homme jurera : « je ne l'ai pas frappé sciemm<strong>en</strong>t » et il paiera <strong>le</strong><br />

médecin.<br />

<strong>des</strong> b<strong>le</strong>ssures, ni la mort, ou parce que la haine <strong>des</strong> adversaires a <strong>des</strong> limites, ou parce qu'ils craign<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s sanctions prises contre <strong>le</strong>s auteurs volontaires de b<strong>le</strong>ssure et surtout de mort.<br />

Ri<strong>en</strong>, dans § 206, 11. 4-8, n'indique qu'il s'agisse d'un simp<strong>le</strong> essai de forces <strong>en</strong>tre deux champions.<br />

Tous <strong>le</strong>s termes au contraire donn<strong>en</strong>t l'impression d'une rixe inspirée par la haine mutuel<strong>le</strong> <strong>des</strong> adversaires :<br />

risbalum « rixe », <strong>le</strong> même verbe mahasu « frapper » qui est employé dans toutes <strong>le</strong>s lois précéd<strong>en</strong>tes concerne<br />

<strong>le</strong>s coups. De plus <strong>le</strong> serm<strong>en</strong>t imposé dans <strong>le</strong>s §§ 206-208 serait tout à fait inuti<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> cas d'un match,<br />

où <strong>le</strong>s deux antagonistes, n'éprouv<strong>en</strong>t aucun s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de haine l'un pour l'autre. Enfin la loi du Code de<br />

l'AlUance, Exode XXI 18-21 qui, on <strong>le</strong> verra, est analogue à la loi § 206, confirme cette interprétation.<br />

Des trois lois §§ 206-208, la première seu<strong>le</strong> <strong>en</strong>visage <strong>le</strong> cas d'une simp<strong>le</strong> b<strong>le</strong>ssure et <strong>le</strong>s deux autres<br />

trait<strong>en</strong>t du cas de mort.<br />

A. B<strong>le</strong>ssure § 206<br />

§ 206. Dans ce cas, l'auteur de là b<strong>le</strong>ssure doit jurer qu'il ne l'a pas causée sciemm<strong>en</strong>t et il devra<br />

payer <strong>le</strong>s soins que prodiguera <strong>le</strong> médecin au b<strong>le</strong>ssé.<br />

Il n'est ni prescrit ni exclu que <strong>le</strong> serm<strong>en</strong>t doive être-prêté au temp<strong>le</strong>, devant <strong>le</strong>s prêtres faisant l'office<br />

de juges du temp<strong>le</strong>s. C'est la première fois que <strong>le</strong> médecin intervi<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> G. H. Le législateur s'occupe<br />

de lui pour fixer ses honoraires et, <strong>en</strong> cas d'insuccès, ses châtim<strong>en</strong>ts §§ 215-223. Suivant que <strong>le</strong> médecin aura<br />

eu besoin ou non du couteau de bronze, pour soigner son b<strong>le</strong>ssé, ses honoraires seront, <strong>en</strong> cas de réussite, de<br />

dix sic<strong>le</strong>s d'arg<strong>en</strong>t, § 215 ou de cinq sic<strong>le</strong>s d'arg<strong>en</strong>t § 221. Pour <strong>le</strong>s r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur <strong>le</strong> médecin babyloni<strong>en</strong>,<br />

voir ces §§. Disons ici que son nom signifie « celui qui voit l'eau » et qu'on par<strong>le</strong> <strong>des</strong> b<strong>le</strong>ssures simmum dues<br />

à ses opérations ou guéries par lui.<br />

Le Code de l'Alhance conti<strong>en</strong>t une loi analogue à C. H. § 206. En voici la traduction :<br />

Exode XXI 18. Si <strong>des</strong> hommes se querell<strong>en</strong>t et si Vun frappe son compagnon avec une pierre ou un gourdin cl<br />

(si celui-ci) ne meurt pas, mais tombe jusqu'à devoir se coucher,<br />

19. si (la victime) se lève et se promène dehors à l'aide d'un bâton, celui qui a frappé sera quitte, mais il<br />

l'indemnisera de son temps de repos et <strong>le</strong> fera guérir.<br />

Cette loi s'accorde avec la loi § 206 pour <strong>le</strong> cas et pour la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce. Cep<strong>en</strong>dant il y a <strong>en</strong>tre el<strong>le</strong>s <strong>des</strong><br />

diverg<strong>en</strong>ces intéressantes à noter.<br />

Pour <strong>le</strong>s cas, ils'agit de part et d'autre d'une lutte sérieuse ayant pour cause un véritab<strong>le</strong> désaccord :<br />

mais ne<br />

<strong>le</strong> verbe hébreu ribh signifie certainem<strong>en</strong>t « » querel<strong>le</strong>r <strong>des</strong> ; coups sont donnés ; il y a mal grave,<br />

causant pas la mort. Le Code de l'Alliance signa<strong>le</strong> <strong>le</strong>s instrum<strong>en</strong>ts qui ont servi à frapper, pierre ou gourdin.<br />

Le C. H. appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> dommage « b<strong>le</strong>ssure » tandis qu'il consiste, d'après <strong>le</strong> C A, dans la nécessité de se coucher.<br />

Les s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces émett<strong>en</strong>t <strong>des</strong> considérants, avant d'édicter <strong>le</strong>s pénalités. Entre « payer <strong>le</strong> médecin » et « faire<br />

guérir », il n'y a qu'une différ<strong>en</strong>ce de termes due à une meil<strong>le</strong>ure organisation du service médical chez <strong>le</strong>s<br />

Babyloni<strong>en</strong>s que chez <strong>le</strong>s Hébreux. C. H. se tait sur l'obligation d'indemniser du temps de chômage, que la<br />

loi hébraïque met très justem<strong>en</strong>t à la charge de l'agresseur. C'est là une différ<strong>en</strong>ce secondaire due peut-être<br />

à la diversité de fortune <strong>des</strong> intéressés dans <strong>le</strong>s deux co<strong>des</strong>. Dans § 206 ce sont <strong>des</strong> hommes libres qui<br />

probab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t n'avai<strong>en</strong>t pas besoin du salaire de <strong>le</strong>ur journée pour vivre. Dans Exode XXI 18 et 19 ce sont<br />

<strong>des</strong> g<strong>en</strong>s peu fortunés, ayant besoin de gagner <strong>le</strong>ur pain quotidi<strong>en</strong>.<br />

Mais la grande différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s deux lois réside dans <strong>le</strong>s considérants qui exphqu<strong>en</strong>t la bénignité<br />

<strong>des</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces. C. H. s'appuie sur l'attestation par serm<strong>en</strong>t du caractère involontaire de la b<strong>le</strong>ssure. C A se<br />

fonde sur la constatation suivant laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> mal n'est pas grave, c'est-à-dire que <strong>le</strong> b<strong>le</strong>ssé pouvait<br />

se <strong>le</strong>ver<br />

et se prom<strong>en</strong>er avec un bâton. Toutefois <strong>le</strong> législateur hébreu a t<strong>en</strong>u un certain compte de l'int<strong>en</strong>tion. En<br />

indiquant qu'une pierre ou un gourdin ont servi à frapper, il a fait allusion au <strong>des</strong>?ein de l'agresseur de ne<br />

pas causer un grand dommage. Ainsi <strong>le</strong>s deux législateurs ont t<strong>en</strong>u compte du défaut chez l'agresseur de<br />

l'int<strong>en</strong>tion de causer un mal grave. Si la procédure de la loi babyloni<strong>en</strong>ne fait confiance à la bonne foi <strong>des</strong><br />

g<strong>en</strong>s et à la va<strong>le</strong>ur de <strong>le</strong>ur serm<strong>en</strong>t, cel<strong>le</strong> de la loi hébraïque est plus sûre et plus pratique.<br />

Si <strong>le</strong> législateur hébreu n'a pas légiféré pour <strong>le</strong> cas où la victime ne pourrait ni se <strong>le</strong>ver, ni se prom<strong>en</strong>er<br />

avec un bâton et où par conséqu<strong>en</strong>t <strong>le</strong> dommage serait plus grave, c'est parce qu'il a p<strong>en</strong>sé que <strong>des</strong> coups<br />

produits par une pierre ou un gourdin ne peuv<strong>en</strong>t causer un grand dommage.

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