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94 L'ÉLEVAGE DU MOUTON EN ALGERIE
principes élémentaires de l'hygiène et de la sélection.
A cet effet, on a réuni à Moudjebeur,
dans un établisse
ment fondé par l'Etat, un certain nombre de nomades de
bonne volonté. On leur a appris le français et tout ce
qui concernait leur métier de berger. On n en cite pas un
seul qui ait regagné sa tribu. « Jamais un indigène, après
avoir appris à parler le français, à lire et à écrire, ne
restera berger. Il deviendra tout : khodja, cavalier,
garde-champêtre,
tout excepté pasteur ». On ne saurait
nier la compétence de celui qui a formulé cette conclu
sion : c'est le propre directeur de la bergerie de Moud
jebeur.
Doit-on s'en étonner, du reste ? J'avoue, pour ma part,
que mon imagination se refuse à évoquer la somme de
privations et de souffrances que représente la vie des
pasteurs nomades. Condamnés à errer sans cesse à la
suite de leurs troupeaux, ils vont, à peine vêtus, sans
abri, souvent sans feu, dans des régions dont la tempéra
ture subit parfois, dans les vingt-quatre heures, des
écarts de 40 et 50 degrés (1). Après cela, comment croire
encore aux attraits m aux charmes de leur vie errante ?
S'ils ont à craindre quelque chose,
ce n'est point assuré
ment que les colons français la leur envient et songent à
la leur disputer.
Mais, si l'intervention du colon français dans l'élevage
est nulle, si celle de l'Etat est impuissante,
sur quoi
compter pour l'amélioration des races ovines en A lgérie ?
Sur l'initiative des indigènes ? Ce serait oublier leur
(1) Dans les heures chaudes des journées d'hiver, le thermomètre
marque souvent de 30 à 35 degrés au-dessus de zéro ; il n'en descend
pas moins, pendant la nuit, à 10 ou 15 degrés au-dessous de zéro.