II

LA RÉORGANISATION DES MÉDERSAS 43
dispensable qu un examen sévère consigne impitoyable
ment l'entrée des médersas à tous les indigènes qui ne
seraient point aptes à en suivre les leçons avec fruit. Ce
serait s'exposer à de graves mécomptes que de persé
vérer dans la voie suivie jusqu'ici. La prolongation de
la durée des études et les additions au programme ne
deviendraient qu'un leurre ; elles n'auraient guère d'au
tres conséquences que de multiplier le nombre desleçons
incomprises.
Une deuxième condition non moins essentielle que la
précédente,
si l'on veut que les médersas répondent à ce
qu'on attend d'elles, c'est que les études musulmanes y
soient d'une haute valeur. Le recrutement des profes
seurs appelés à enseigner les différentes branches de
ces études ne saurait être fait avec trop de soin. Il faut
faire appel aux ulémas les plus en vue et qui jouissent,
parmi leurs coreligionnaires, de la plus grande autorité.
On devrait même, s'il le faut, les prendre à l'étranger.
Comment veut-on que les médersas puissent faire utile
ment concurrence aux Universités musulmanes étran
gères, si le savoir des professeurs, si l'orthodoxie et les
mérites de l'enseignement ne peuvent être mis en ba
lance ? Aujourdui, toute la confiance des indigènes va
aux tolba formés dans les Universités de l'Egypte ou du
Maroc. Us sont persuadés que, là seulement, leurs lois,
leur théologie j leur histoire, leur littérature et leur poé
sie sont expliquées et enseignées par des maîtres dignes
de former des élèves. C'est un courant d'opinion d'autant
plus arrêté que, jusqu'à présent, les étudiants, sortant
des médersas, ont été plus incapables de soutenir la
comparaison de leurs rivaux. On ne peut tenter de le