II

L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGÉRIE 257
tiers de montagne, à peine des chemins de chèvre. La
route la plus rapprochée s'arrête à plus de 30 kilomè
tres. C'est à dos d'hommes, d'ânes ou de mulets qu'il a
fallu transporter à Aris tous les matériaux nécessaires à
la construction de l'hôpital. Il suffit d'en examiner les
proportions pour se rendre compte des innombrables
journées que représente un semblable labeur. Eh bien,
tout ce labeur a été le fait gratuit et volontaire des tri
bus aurésiennes appelées à bénéficier de l'hôpital.
Vraiment quand on compare l'empressement dont les
populations indigènes font ainsi preuve pour les hôpi
taux qu'on leur ouvre, à la répugnance qu'elles témoi
gnent souvent aux écoles dont on les dote,
on en arrive
vite à se demander si, juges de leurs véritables besoins,
ces populations n'indiquent point nettement la politique
qu'il faut suivre à leur égard pour les gagner à la cause
française., Certes, je ne suis pas de ceux qui songent à
s'effrayer de voir régner sur l'Algérie le vent d'instruc
tion qui lui est venu de la métropole. Mais ce que je
sais bien, c'est que jamais, pour remuer les masses pro
fondes de nos sujets algériens, il ne pourra ce que peut
un souffle d'ardente charité comme celui qui part des
hôpitaux indigènes. Aussi ne saurait-on trop encourager
la haute administration algérienne à continuer,
à déve
lopper son œuvre. Ce n'est pas seulement l'humanité,
c'est la France qui y trouvera son compte.
17