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L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGÉRIE 23»
ce risque redoutable. Dans ces conditions, comment
veut-on que les indigènes profitent de l'entrée qu'on
leur ouvre dans nos hôpitaux ? Loin de s'y presser en
foule,. ils semblent bien plutôt les fuir. Ils n'y entrent
guère que quand on les y porte. A ce point de vue, les
statistiques dressées par les soins de l'administration
sont singulièrement instructives. En 1890, par exemple,
50.282 malades ont été hospitalisés en Algérie. Dans ce
nombre figurent seulement 6.477 indigènes musulmans.
C'est une proportion d'un peu plus de 12 pour cent. Elle
se retrouve à peu près la même dans les statistiques
plus récentes. N'est-elle point par trop minime, quand
on songe qu'il y a, en Algérie,
plus de 4 millions d'in
digènes, alors que la population européenne y compte
moins de 500.000 âmes ?
Cette répugnance des indigènes à entrer dans nos
hôpitaux s'accuse si nettement qu'elle a donné faveur à
cette idée que, même appropriée à leurs habitudes so
ciales et religieuses, l'hospitalisation ne saurait leur
convenir. Croire qu'ils l'accepteront jamais, c'est, dit-on,
oublier leur fatalisme. Envoyée par Dieu, la maladie
doit être acceptée avec résignation. S'efforcer de la gué
rir,
G'est s'insurger contre les arrêts d'en haut. C'est à
Dieu seul qu'il appartient de retirer le mal qu'il a en
voyé. Evidemment ce fatalisme n'est point fait pour
déplaire dans certains milieux algériens, où l'on pense
volontiers que se détourne de sa mission
quand elle se préoccupe des intérêts et des besoins des
indigènes. Faut-il dès lors s'étonner qu'on l'y
dite, qu'on l'y
invoque encore ?
Il n'est rien moins qu'orthodoxe.
ait accré