II

186 LA REFORME DES COURS D'ASSISES EN Al GERIE
byles. D'ailleurs,
se trouvant en minorité et encadrés de
magistrats expérimentés, les assesseurs indigènes ne
pourraient être suspects d'atténuer ou d'entraver les jus
tes répressions. Mais, j'en suis bien convaincu, ce sérail
à modérer l'implacable sévérité de leurs collègues mu
sulmans bien plutôt qu'à combattre chez eux de regret
tables indulgences,
et assesseurs français.
que devraient s'employer magistrats
En regard des nombreux avantages que présente la
réforme,
ses adversaires ne manqueront pas d'alléguer
les difficultés pratiques de son fonctionnement. Elle sup
pose, danschaque arrondissement judiciaire de l'Algérie,
la possibilité de recruter un certain nombre d'indigènes,
capables de remplir le rôle d'assesseurs-jurés. Or, c'est
là, dira-t on, une supposition que les faits sont loin d'au
toriser. Les indigènes comprenant le français sont en
nombre fort restreint. En admettant que, dans chaque
arrondissement, il en existe un nombre suffisant pour la
formation de la liste annuelle, cette liste comprendra
toujours les mêmes noms. On arriverait ainsi à former
une véritable catégoMe de nouveaux fonctionnaires indi
gènes, qui, à raison même de leur mission, seraient plus
spécialement exposés aux corruptions et aux vengeances
de leurs coreligionnaires.
Le projet delà commission a prévu des objections de
ce genre. Il y a, d'avance, répondu. Au cas où il ne se
trouverait pas, dans un arrondissement judiciaire, au
moins dix indigènes musulmans réunissant les condi
tions de capacité nécessaires pour remplir les fonctions
d'assesseurs-jurés, la liste pourra être complétée par
l'adjonction de noms empruntés à un arrondissement