II

DES ADMINISTRATEURS DE COMMUNE MIXTE EN ALGÉRIE 221
périodes de douze ou quinze ans que devaient se mar
quer les étapes de la civilisation chez un peuple, dont
on ne modifie radicalement ni les besoins économiques,
ni les habitudes sociales.
Mais alors comment admettre que les pouvoirs disci
plinaires, considérés comme indispensables en 1881 et
en 1890, soient, en 1897, jugés inadmissibles et défini
tivement écartés ?
Quant aux résultats de la loi du 29 juin 1881, on ne
saurait les méconnaître. Grâce aux pouvoirs disciplinai
res reconnus aux administrateurs, la substitution de l'au
torité civile à l'autorité militaire a pu se faire sans
à-coup. Même parmi les tribus les plus remuantes, on
n'a pu signaler aucun acte d'insubordination grave et,
nulle part, la sûreté publique n'a été mise en péril. En
un mot, les administrateurs se sont montrés partout les
dignes successeurs des officiers de bureau arabe. Non
seulement l'œuvre commencée par l'administration mi
litaire n'a pas été compromise, mais elle a été partout dé
veloppée et affermie ! Il est permis de croire qu'on n'au
rait point à se féliciter de semblables résultats,
si on
n'avait point donné aux administrateurs les pouvoirs
disciplinaires des officiers de bureau arabe, si, faute de
semblables pouvoirs, les administrateurs eussent été
placés dans une situation d'infériorité par trop marquée
vis-à-vis de leurs prédécesseurs. Ce serait une singu
lière façon de les aider à consolider leur œuvre de civi
lisation et d'assimilation que de les priver désormais des
pouvoirs qui leur ont permis de la préparer et d'en ac
cuser déjà les progrès.