II

DES ADMINISTRATEURS DE COMMUNE MIXTE EN ALGÉRIE 213
riens n'ont point encore ouvert leur cœur à la France,
la faute en est aux rigueurs du régime administratif
qu'on leur applique, à la façon dont les traitent et les
exploitent les Français d'Algérie.
Dans ces conditions, faut-il s'étonner qu on puisse
créer, en France,
un courant d'opinion hostile aux pou
voirs disciplinaires des administrateurs ? Ce courant, on
peut facilement l'exploiter ; on peut, en groupant quel
ques faits regrettables auxquels l'exercice des pouvoirs
disciplinaires aurait donné lieu, faire croire que, grâce
à ces pouvoirs,
les administrateurs courbent les indigè
nes sous unjoug de fer qui les révolte et les exaspère.
| L'esprit français s'exalte volontiers quand on lui. parle
; au nom des principes. Dès qu'on lui dénonce des insti
tutions comme contraires aux règles de droit public
{dont il est coutumier, il les considère aisément comme
Jde véritables monstruosités juridiques. Qu'on lui signale
un homme qui est à la fois un chef qui commande et un
juge qui punit, il est prêt à n'y voir qu'un effrayant des
pote,
et de l'administrateur il fait vite un satrape devant
lequel tremblent les indigènes terrorisés. Le sujet prête
à des effets de généreuse indignation. Avec un peu de
rhétorique,
l'opinion publique,
on peut arriver assez facilement à égarer
à lui faire envisager tout autrement
qu'elle doit l'être la question des pouvoirs disciplinaires
des administrateurs. Or, pour quiconque connaît les mi
lieux indigènes,
ces pouvoirs sont essentiels. On ne sau
rait en priver les administrateurs, sans les dépouiller,
aux jeux des indigènes, de l'autorité qui leur est indis
pensable. Ce serait, en même temps, porter un coup
mortel au prestige de la France,
car c'est dans leurs