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84 L'ÉLEVAGE DU MOUTON EN ALGERIE
Voilà donc près de 23 millions de francs qui, chaqu
année, sortent de France et, sans compensation aucune
vont enrichir les riches éleveurs australiens. Espère:
le développement de notre commerce d'importatioi
dans la colonie ne serait du reste qu'un leurre. Ces
naturellement à l'Angleterre qu'elle s'adresse pour lei
produits manufacturés dont elle a besoin.
Cette navrante disproportion entre notre exportatioi
et notre importation ne s'accuse pas seulement dans noi
rapports commerciaux avec la colonie de Victoria. Elli
reste la règle identique qui caractérise le mouvemen
commercial, établi entre notre pays et les autres colonie:
anglaises de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. C<
sont là des constatations désolantes. Elles suffisent à in
diquer l'avenir qui serait ouvert à l'Algérie le jour où
non seulement sur les marchés français,
mais sur les
marchés de l'Europe, ses laines pourraient disputer am
laines australiennes le monopole de fait,
que celles-c
doivent surtout à l'initiative et à la persévérante énergif
de la race anglo-swfonne.
Enfin, à l'envisager uniquement comme bête de bou
chérie, le mouton serait encore, pour l'Algérie, lasourc<
d'immenses profits Là encore, il ne s'agit pas d'apporté]
dans la Métropole une concurrence redoutable pour le!
éleveurs français. Il s'agit d'enlever aux étrangers un<
place qu'ils usurpent sur nos marchés, si l'Algérie peu
y prétendre et l'occuper. Or il est manifeste que les be
soins de la consommation sont, en France, hors de pro
portion avec les ressources de l'élevage. Paris, à lui seul
dans ses deux marchés, consomme par semaine plus d<
quarante mille moutons. C'est vingt mille à peine qui