II

90 L'ÉLEVAGE DU MOUTON EN ALGERIE
plus considérable que le troupau actuel. Ce n'est point
de laque vient la difficulté. Le manque d'eau, tel est l'in
surmontable obstacle qui s'oppose à l'augmentation ra
pide de la population ovine. C'est parce qu'ils manquent
de gîtes d'eau que d'immenses pâturages sont inutilisés
et déserts. Si grande que soit son endurance à la soif, il
faut, même au printemps, que le mouton algérien boive
au moins tous les deux ou trois jours. A en croire les in
digènes, il pourrait cependant résister à la soif pendant
près d'un mois. Comme l'endurance indéfinie du cha
meau, cette estimation fait partie d'un ensemble de lé
gendes, destinées, sans doute,
à nous laisser ignorer
l'existence de gîtes d'eau, dans des régions que les indi
gènes nous rendent inaccessibles par le réputation d'ari
dité dont ils les entourent.
L'aménagement et la multiplication des points d'eau,
telle est donc la condition absolue de l'accroissement du
troupeau algérien. Elle seule lui ouvrira tous les pâtu
rages dont il a besoin pour se décupler. Dans son re
marquable rapport sur le budget algérien de 1892, le re
gretté Burdeau si^ialait déjà la question. Il rappelait
une note, justement réputée, par laquelle MM. Pomel
et Pouyanne avaient établi que des dépenses infimes
permettraient de maintenir des points d'eau dans nom
bre de pâturages actuellement désertés. Il suffirait d'un
aménagement rudimentaire des r'dirs, ou cuvettes na
turelles, dans lesquelles l'eau de pluie s'amasse et se
conserve, tant que les ardeurs du soleil ne l'ont point
vaporisée. La garniture en maçonnerie légère ou en ci
ment de certains bas-fonds perméables, l'établissement
sur des perches d'une couverture en alfa, aisée à entre-