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DES ADMINISTRATEURS DE COMMUNE MIXTE EN ALGÉRIE 223
milieux indigènes de l'Algérie. Supposer les indigènes
révoltés par les pouvoirs disciplinaires des administra
teurs, c'est, en effet, leur prêter gratuitement des senti
ments et des idées qu'ils ne soupçonnent point et dont
ils n ont cure. Ce qui serait pour des Français une exor
bitante anomalie ne se présente nullement ainsi aux
yeux des indigènes. Pour eux, c'est dans le chef qui les
commande que s'incarne l'autorité sous toutes ses for
mes, avec tous ses attributs. Pour eux, le hakem (1),
comme autrefois l'officier de bureau arabe, personnifie
le beylick,
c'est-à-dire la puissance supérieure de la na
tion conquérante : comment s'étonneraient-ils de voir en
lui un chef qui donne des ordres et qui, au besoin, pu
nit ceux qui y contreviennent ? Ce qui les étonnerait
plutôt, c'est un chef donnant des ordres dont il ne pour
rait sanctionner l'exécution. C'est évidemment cela qui
serait contraire à la notion nécessairement simple et pri
mitive >que les indigènes se font de l'autorité, à la façon
traditionnelle dont, depuis des siècles,
elle s'est affirmée
à leurs yeux. Us n'auraient qu'une bien pauvre idée d'un
chef qui devrait se borner à constater, sans les punir,
les mauvaises volontés ou les résistances que rencon
treraient ses ordres. L'autorité d'un semblable chef se
rait vite compromise et dépouillée de tout prestige.
Voilà ce qu'on ne saurait trop répéter pour répondre
aux critiques de ceux qui s'indignent vraiment trop vo
lontiers de voir même une parcelle de l'autorité judi
ciaire entre les mains d'agents du pouvoir exécutif (2).
(1)
(2j Voyez notamment le rapport de M. Foncin sur l'Algérie et la Tu
C'est ainsi que les indigènes désignent l'administrateur.
nisie. Recueil des Délibérations du Congrès National colonial. Paris,.
1890, 1. 1. p, 129 et s., et t. II,
p. 91 et s.