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L'USURE ET LA LOI DU 3 AVRIL 1898 273
ne pourra plus prêter en Algérie à un taux supérieur à
8 pour 100 sans faire un prêt usuraire. S'il suffisait de
punir l'usure pour la bannir et la rendre impossible, le
remède serait radical et les effets en seraient infaillibles.
Mais est-il permis de croire à l'efficacité de la ré
forme réalisée par la loi du 3 avril 1898 ? Ce serait sup
poser qu'on peut envisager l'application effective de
cette loi comme la conséquence nécessaire de sa pro
mulgation. Or, la supposition est rien moins que gra
tuite, et je suis, pour ma part, bien convaincu que la
loi nouvelle est uniquement destinée à augmenter la col
lection déjà si riche des lois inutiles dont l'Algérie est
par trop libéralement dotée. Ce n'est certes point que
l'Algérie ignore l'usure. Celle-ci est évidemment une des
plaies du pays. Bien des colons lui doivent leur ruine,
et si, à l'heure actuelle, on soumettait à une revision sé
vère les prêts consentis aux propriétaires ruraux, on en
trouverait bien peu qui ne tomberaient point sous le
coup de la loi nouvelle.
Quant aux indigènes c'est énoncer une vérité banale
que de dire qu'ils sont la proie des usuriers. Qu'ils aient
recours aux Juifs ou qu'ils s'adressent à leurs propres
coreligionnaires, voire même à des chrétiens, les em
prunteurs indigènes n'obtiennent jamais qu'à des condi
tions vraiment exorbitantes les avances qu'ils sollicitent.
Un rapport,, présenté en 1894 au Conseil de Gouverne
ment de l'Algérie, fournit, sur ce point, les renseigne
ments les plus explicites et les plus édifiants.
Voici quelques exemples.
Le président de la Chambre de commerce de Cons-
tantine constate que le taux moyen des prêts consentis
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