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L'ELEVAGE DU MOUTON EN ALGÉRIE 101
table du mouvement d'exportation (1). Conçoit-on ce que
peut être,
pour des troupeaux habitués aux grands es
paces et aux libres parcours, une succession d'étapes
se poursuivant, sur deux à trois cents kilomètres, dans
une région morcelée, cultivée et habitée par une popu
lation qui, avec raison,
exige le respect des limites et
des droits de propriété ? Poussés en masses profondes
sur de longues routes poudreuses dont ils ne peuvent
s'écarter,
marchant le plus souvent sans autre nourri
ture que les maigres brindilles tondues aux revers des
chemins, les moutons se ressentent nécessairement, à
leur arrivée sur les marchés du littoral ou dans les ports
d'embarquement, de la somme de privations et de souf
frances que représente un semblable voyage. Aussi s'ex-
plique-t-on facilement la triste et lamentable mine des
moutons algériens sur les marchés de la Métropole, quand
les fatigues et les épreuves de l'embarquement et du
voyage en mer ont achevé de les exténuer.
En même temps qu'elle s'attache à développer les res
sources en eau des pâturages algériens, l'administration
doit donc se préoccuper d'écarter ou tout au moins d'at
ténuer les difficultés que présente, pour les troupeaux,
la traversée des régions colonisées. Il n'y a là,
tive,
en défini
que les faces différentes d'une même question. A
n'envisager qu'une seule d'entre elles, on risquerait de
ne tenter que de stériles efforts.
La neutralisation des difficultés qu'offre à l'exporta
tion des troupeaux la traversée du Tell algérien com
porte deux solutions différentes.
(1) Il comporte actuellement, pendant la belle saison, une exportation
de 50 à 60.000 moutons par semaines.