II

LES MOUTONS ALGÉRIENS ET LA CLAVELÉE 121
tien rigoureux des mesures actuelles. Avec la mévente
des vins,
ce serait l'arrêt complet de la vie économique
de l'Algérie. En face d'une perspective de ce genre, il
paraît difficile que les autorités métropolitaines conti
nuent à se préoccuper, exclusivement des risques de
contamination des troupeaux de la Métropole.
Ce n'est point d'hier qu'est né le risque de l'éventua
lité redoutable qui se produit à l'heure actuelle. Il est né,
on peut le dire,
en même temps qu'a commencé l'ex
portation en France des moutons algériens. Dès le 11
juillet 1879, M. Tirard, alors ministre de l'agriculture,
avait cru devoir prendre des mesures de rigueur pour
empêcher l'introduction de la clavelée en France par les
moutons amenés d'Algérie. Outre l'abatage immédiat
des bêtes reconnues claveleuses,
c'était une quarantaine
imposée au reste du chargement et maintenue jusqu'à
ce que son état sanitaire n'inspira plus aucune crainte.
De vives réclamations se produisirent de la part des
exportateurs algériens. Le ministre rapporta sa décision.
Mais il ne le fit qu'en recommandant de propager, en
Algérie, la pratique de la clavelisation (1). Il prescrivait,
en outre, l'organisation, dans la colonie, d'un service
sanitaire analogue à celui qui existait en France.
En exécution des instructions ministérielles, le gou
verneur général prenait, en date du 29 août 1879, un
arrêté, d'après lequel tous les animaux de l'espèce ovine,
destinés à être expédiés en France, devaient,
embarquement,
avant leur
être soumise à une vérification rigou
reuse de leur état sanitaire. La vérification devait être
(1) C'est une sorte de vaccination qui, donnant au mouton une cla
velée atténuée, le rend indemme de toute contamination ultérieure.