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162 LA RÉFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGÉRIE
constatation, faite par un ancien magistrat algérien (1),
que la charge du jury est 23 fois plus forte pour- les
Français d'Algérie que pour les Français de la métro
pole.
Dans ces conditions, on s'explique facilement les lé
gitimes récriminations des colons. Presque tous les deux
ans, les fonctions du jury les obligent à quitter leurs
exploitations. C'est une absence forcée de deux semai
nes consécutives qui s'augmentent parfois de plusieurs
jours d'un voyage long et pénible. Pendant ce temps,
les exploitations restent sans surveillance,
exposées à
l'insécurité et à tous les inconvénients qui peuvent ré
sulter de l'absence du maître. Ajoutez à cela que les
jurés n'ont droit à aucune indemnité de séjour,
mais à
une simple indemnité dé déplacement, calculée à rai
son de 2 fr. 50 par myriamètre. C'est donc sans com
pensation aucune que les colons doivent supporter les
frais d'un séjour onéreux, au chef-lieu du département
pour prendre part à des sessions d'assises, au cours des
quelles ils n'ont bien souvent à juger que des indigè
nes. Aussi compreni-on que, dans certaines régions,
dans le département n'Oran notamment, les colons en
soient arrivés à fonder des associations mutuelles pour
subvenir aux dépenses et aux pertes que le Jury entraine
pour eux. Il y a la caisse contre le jury, comme il y
a la caisse contre les fléaux,
sauterelles par exemple.
contre le phylloxéra ou les
Si les récriminations des colons sont fondées, les
plaintes des indigènes paraissent non moins justifiées.
(1) M. le président Mennesson. Pétition au Parlement sûr l'or
ganisation du jury en France et en Algérie (1891).