II

L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGERIE 251
possible ou plus difficile l'incessante lutte que, chaque
jour, ils doivent soutenir contre lui. Us n'auraient point
apprécié les bienfaits de l'hospitalisation et les mérites
de notre thérapeutique qu'ils devaient nécessairement
affluer vers un refuge ouvert contre les affres du dénue
ment et les tortures de la faim. Aussi ne doit-on pas s'é
tonner que, dès les premiers jours de son ouverture,
l'hôpital d'Ouarzen n'ait pu suffire à tous les malheu
reux qui venaient y solliciter leur admission.
Dans l'Aurès, au contraire, on ignore la rude misère
des montagnes kabyles. Peut-être le numéraire y est-il
plus rare. Avec une vie matérielle relativement facile,
le montagnard aurésien ne saurait être l'âpre thésauri
seur qu est son congénère kabyle. Mais, dans les vallées
de l'Aurès, il n'est pas de maison qui n'ait ses réserves
en nature : des grains, du miel, des fruits secs. Que
vienne la maladie, elle s'y
présente sans doute avec son
habituel cortège de souffrances ; elle ne s'y empire
point de toutes les privations et de toutes les misères
qu'elle déchaîne dans les gourbis kabyles. Dans ces
conditions, l'hôpital d'Aris ne pouvait être fréquenté
qu'autant que les indigènes y viendraient convaincus
des avantages de l'hospitalisation et des bienfaits de
notre thérapeutique.
L'expérience est faite, et elle est concluante.
Lorsque j'ai visité l'hôpital, il était ouvert depuis
moins d'un an et plus de six cents malades y avaient été
hospitalisés. N'est-ce point la preuve manifeste que les
indigènes avaient vite reconnu et apprécié l'efficacité
des soins qu'on y prodiguait ?
J'ai, d'ailleurs, été moi-même, au cours d'une jour-