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256 L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGERIE
les vers qui y fourmillaient déjà. Ah ! l'inoubliable re
gard que le blessé attachait sur elle. Je doute qu'aucune
langue eût pu rendre l'ardente reconnaissance dont il
était empreint. A plus d'un an de distance, je n'en puis
évoquer le souvenir sans retrouver aussitôt l'irrésistible
émotion dont m'étreignit l'intensité du sentiment qu'il
exprimait. Il y aurait à citer bien d'autres faits de ce
genre. Ne permettent-ils point d'escompter les résultats
que peut avoir l'œuvre des hôpitaux indigènes, alors que,
développée et grandie, elle étendra son action dans les
différentes régions de l'Algérie ?
C'est peut-être à cette œuvre que se reportait M. Jules
Cambon, quand, du haut de la tribune de la Chambre
des députés, il exprimait l'espoir d'avoir fait aimer la
France par ses sujets algériens. Si, de sa part, il y a là
une illusion,
elle est de celles qui honorent ceux qu'elles
égarent. En tout cas, ce n'est pas après avoir vu de près
l'œuvre des hôpitaux indigènes, telle qu'elle est conçue,
telle qu'elle fonctionne déjà, qu'on peut se refuser à la
mettre au premier rang des causes susceptibles d'effec
tuer la conquête moÉale des indigènes.
Les sentiments qu'elle éveille chez les populations
algériennes sont, d'ailleurs,
vraiment significatifs. La
construction de l'hôpital d'Aris notamment a été, dans
les tribus de l'Aurès, l'occasion d'un mouvement popu
laire analogue à ceux qui, au moyen âge, vouaient des
populations entières à l'édification de ces merveilleuses
cathédrales gothiques dont peuvent se glorifier tant de
vieilles cités françaises. Adossé à l'un des contreforts du
Bou Iriel, le nouvel hôpital domine une étroite vallée,
sans autre moyen de communication que d'abrupts sen-