II

l'usure,
L'USURE ET LA LOI DU 3 AVRIL 1898 279
la presque totalité des Chambres de commerce
de l'Algérie s'y soient montrées hostiles.
Le régime de la liberté du taux de l'intérêt a des in
convénients,
sans doute. Il semble cependant le seul qui
convienne, aux pays neufs, puisqu'il est le seul qui y as
sure la circulation des capitaux. Seul, il est capable de
les y attirer, car seul il permet de leur offrir des avan
tages exactement proportionnés aux risques qu'ils y cou
rent à raison de la situation mal assurée et souvent pré
caire des emprunteurs.
Je ne suis pas de ceux, du reste, qui voient dans la loi
du 3 avril 1898 une réforme susceptible d'enlever le bé
néfice de cette liberté à tous les financiers véreux qui ont
coutume d'en user et même d'en abuser. Assurément,
cette loi écartera de l'Algérie les capitalistes désireux de
placements rémunérateurs et sachant accepter les ris
ques des entreprises nouvelles. On ne verra plus, comme
par le passé, de ces prêts stipulant ouvertement des in
térêts de 10,
15 et même 20 pour cent. Ce ne sera pas
peut-être pour le plus grand bien de l'Algérie. Quant
aux professionnels de l'usure, ils continueront
y
leur lu
crative industrie, en se jouant des prohibitions de la loi.
Celles-ci ne sont point faites pour les effrayer. Quand
on voudra sérieusement pourchasser les usuriers, il fau
dra s'en prendre aux causes qui engendrent l'usure ; il
faudra s'eflorcer surtout de modifier et d'améliorer la
situation économique fâcheuse dont l'usure est l'indice.
Le remède ne sera plus aussi simple que de voter et de
promulguer des textes comme ceux dont la loi du 3 avril
1898 a doté l'Algérie