II

RÉFORME DES OFFICES MINISTÉRIELS ALGERIENS 3
un cautionnement à fournir. Mais c'est là une obligation
bien légère, puisque le. cautionnement le plus élevé, en
Algérie, ne dépasse pas 6.000 fr.,
chiffre bien inférieur
aux cautionnements exigés des officiers ministériels de
la métropole. Moyennant ces conditions, les candidats
heureux sont admis à jouir d'une situation dont on cher
cherait vainement l'équivalent en France. A Alger, une
étude de notaire rapporte de 35.000 à 70.000 francs,
plus parfois que le traitement d'un ministre ; une étude
d'huissier assure à son titulaire de 20.000 à 25.000 fr.,
plus que les émoluments d'un premier président. Sans
doute, ce sont là les postes les plus enviés,
ceux auxquels
on ne peut guère arriver qu'après des stages successifs
dans des( postes moins, avantageux. Mais, dans les villes
de second ordre, à Blidah pat exemple, les notaires arri
vent à des états de produits dépassant 30.000 francs ;
quant aux huissiers, le total de leurs émoluments s'y
élève à plus de 15.000 francs.
Ces chiffres ne sont pas suspects. Ce sont les intéres
sés eux-mêmes qui les ont fournis. Usant d'un droit in
contestable, le procureur général près la Cour d'Alger
a cru devoir, il y a quelques années, adresser à tous les
officiers ministériels de son ressort un questionnaire qui
lui a permis d'établir les produits de chaque charge. C'est
à cette statistique que j'emprunfe. les chiffres ci-des
sus. Qu'on le remarque, du reste, ces chiffres n'indiquent
qu'un minimum. Ils sont extraits des répertoires que
chaque officier ministériel est obligé de tenir au jour le
jour, et sur lesquels figure le détail du coût de chaque
acte de son ministère ayant subi la formalité de l'enregis
trement. Mais à ces bénéfices s'ajoutent d'autres profits,