II

L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGÉRIE 245
nègres du centre de l'Afrique. Je n'en citerai qu'un
exemple. Il est caractéristique.
Il y a quelques mois, un chirurgien d'Alger était
mandé en toute hâte auprès d'un marabout célèbre dans
toute la petite Kabylie. Bien qu'il fût réputé pour ses
connaissances médicales, non moins que pour sa sain
teté, le dévot personnage n'hésitait point, pour son
compte personnel, à préférer aux secrets de sa thérapeu
tique l'intervention d'un praticien français. A raison de
la difficulté des communications, c'est seulement le sur
lendemain du jour où il avait été appelé que le méde
cin se présentait à la demeure de son malade. Il le trouva
en face d'un miroir, gravement occupé à se faire d'é
pouvantables grimaces, dont il s'attachait de son mieux
à augmenter la hideur. Atteint d'une affection aiguë de
la rétine, le malade n avait pas eu la patience d'attendre
l'arrivée du médecin. Le marabout d'un village voisin
était venu lui prodiguer ses avis et ses soins. Après avoir
doctement examiné le patient, il avait cru pouvoir attri
buer le mal de celui-ci à la présence dans son crâne d'un
esprit malin, cause de toutes ses souffrances. Pour obte
nir la guérison, il fallait nécessairement chasser le diable
du domicile qu'il s'était choisi. Dans ce but, le mieux
était de l'effrayer. De là, les contorsions el les grimaces
auxquelles ne cessait de se livrer le malade. A ce jeu-là,
il avait déjà perdu un œil. 11 n'aurait pas manqué de
perdre l'autre sans l'efficace intervention du médecin
français.
La médecine des marabouts trouve un digne pendant
dans les pratique barbares des matrones chargées de
présider aux accouchements des femmes indigènes Ce