II

LA REORGANISATION DES MEDERSAS 45
Et d'abord les mahakmas (1),
avec leur personnel de
cadis. de bachadels, à'adels, d'aouns et à'oukils, peu
vent offrir un débouché honorable à un certain nombre
d'anciens étudiants des médersas. Il est vrai que, parmi
ces fonctionnaires, les cadis seuls reçoivent un traite
ment fixe. Ce traitement est, d'ailleurs, peu élevé. Il ne
dépasse pas 1.500 francs. Mais il s'augmente de certains
droits perçus par les cadis sur leurs actes et vacations,
d'après un tarif fixé par décret du chef de l'Etat. Ces
droits forment masse et sont répartis, chaque mois, sui
vant des proportions déterminées,
entre les différents
membres de la mahakma ; le cadi touche 2/8 ; le bacha-
del 3/8, les adels et les aouns 3/8. En re visant, dans une
juste mesure, les tarifs qui fixent ces droits, on rendrait
facilement les fonctions de cadi et de bachadel assez
enviables pour que nombre déjeunes indigènes recher
chassent les diplômes sanslesquels on n'y pourrait préten
dre. Sans doute, les différentes fonctions de la mahakma
sont appelées à disparaître. L'intervention des juges
français dans les affaires indigènes doit- certainement
recevoir un développement progressif, dont l'évolution
finale entraînera la suppression des mahakmas. A coup
sûr, ce n est pas dans un avenir immédiat, ni même pro
chain,
que cette suppression peut être envisagée. Jus
qu'à nouvel ordre, l'attrait des fonctions de la justice
musulmane contribuera donc à attirer et à retenir, dans
les médersas, un certain nombre d'étudiants assidus et
zélés.
(1) A côté du juge proprement dit, le cadi, l'organisation complète
d'une mahakma comprend en effet un personnel de notaires et de gref
fiers (bachadels et adels), d'huissiers (aouns) et de défenseurs (oukils).