II

50 L'ÉLEVAGE DE L'AUTRUCHE EN ALGÉRIE
aujourd'hui disparu. Il suffirait que, chaque année, des
parcs reproducteurs, établis dans des régions choisies,
lâchassent un certain nombre de leurs produits ; ceux-ci
ne tarderaient point à se multiplier dans un pays qui
paraît être leur pays d'origine,
et où on les retrouvait
encore, il y a trente ans à peine. Tous les anciens officiers
de bureau arabe ont dans leurs souvenirs des chasses à
l'autruche, pour le moins aussi fréquentes que le sont
aujourd'hui les chasses à la gazelle. Sur les grandes
tentes des OuladSidi Cheikh, flottent toujours de longues
plumes d'autruches mâles, symbole de leur puissance et
de leur prestige religieux. C'est bien la preuve mani
feste que, récemment encore, l'autruche sauvage se ren
contrait sur les parcours des tribus soumises aux grands
marabouts de notre Sud-Oranais.
Quoi qu'il en soit, le repeuplement artificiel des soli
tudes sahariennes ne saurait être du ressort des parti
culiers. Seul, sans doute,
ce repeuplement peut fournir
à la consommation les superbes plumes qui sont l'apa
nage exclusif de l'autruche sauvage. Mais c'est évi
demment là une cuivre dont l'Etat seul pourrait entre
prendre la réalisation et assumer les risques.
Il en est tout autrement de l'élevage et de l'exploi
tation de l'autruche domestique. C'est là, en Algérie,
une entreprise qui parait bien propre à séduire les ini
tiatives privées. Depuis longtemps, les essais de do
mestication de l'autruche y ont parfaitement réussi.
Préconisée, dès 1849, par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,
réclamée, en 1856, par le général Daumas pour
éviter la disparition de l'espèce, la domestication de
l'autruche a été tentée avec un plein succès, notamment