II

120 LES MOUTONS ALGÉRIENS ET LA CLAVELEE
portateurs, de 5 à 6 francs par tête, soit une perte totale
de 15 à 18.000 francs.
J'avais donc raison de dire que, soumise à de sembla
bles risques, l'exportation des moutons algériens en
France devenait pour ainsi dire impossible.
On ne peut méconnaître la gravité de la crise qu'une
situation semblable peut déchaîner sur l'Algérie. Depuis
quelques années, celle-ci vendait annuellement,
marchés français,
C'était, pour elle,
sur les
de 1.500.000 à 1.800.000 moutons.
un revenu de 30 à 35 mitions. Ne
serait-il point déplorable que la source en fût tarie?
Après les colons,
durement éprouvés par la mévente des
vins, ce seraient les indigènes, ruinés par l'avilissement
du prix de leurs moutons.
Aussi ne saurait-on trop souhaiter que, sans rapporter
absolument des mesures réclamées par la protection des
troupeaux de la Métropole, on s'attachât à les appliquer
de façon à ne point supprimer l'exportation algérienne.
Il y aurait lieu, par exemple, d'examiner si, aux environs
de Marseille ou d'autres ports de débarquement,
on ne
pourrait établir des dations où l'on pourrait sans danger
réunir les troupeaux dans lesquels des cas de cla
velée auraient été constatés. Les plaines delà Crau, les
garrigues des départements du Var, des Bouches-du-
Rhône, de l'Hérault et du Gard présentent de vastes
espaces, très propices aux moutons et dont la location
n'entraînerait probablement pas des frais excessifs. Les
chargements suspects resteraient làjusqu'à la disparition
de tout risque de contamination. Alors seulement, on
pourrait les introduire sur les marchés de la Métropole.
Dans tous les cas, tout vaudrait mieux que le main-