II

218 LA PROROGATION DES POUVOIRS DISCIPLINAIRES
coup, c'était augmenter singulièrement la portée, en
même temps que modifier le caractère de la mission jus
que-là dévolue aux administrateurs. Les nouvelles com
munes mixtes comprenaient d'immenses territoires, où
nulle part l'élément européen ne se groupait encore.
Longtemps placées sous le régime militaire, les popula
tions de ces territoires étaient accoutumées à voir entre
lesmains de ceuxqui lesadministraientdespouvoirs consi
dérables, d'une application immédiate, et, partant, bien
propres à triompher de toutes les mauvaises volontés, à
briser toutes les résistances. Substituer aux officiers de
bureau arabe des administrateurs civils, sans donner à
ceux-ci des pouvoirs analogues à ceux de leurs prédé
cesseurs,
c'eût été d'avance compromettre l'œuvre
qu'assumait l'administration civile dans les régions nou
velles dont elle prenait possession. De toute nécessité,
il fallait assurer aux administrateurs la même autorité,
le même prestige qu'aux officiers de bureau arabe.
Dans ce but, il était indispensable de leur conférer des
pouvoirs identiques. Par la force même des choses,
l'administrateur deva^ devenir un chef de bureau arabe
civil.
De là,
la loi du 29 juin 1881 qui investit les adminis
trateurs de pouvoirs disciplinaires. A ce moment, tout
le monde s'inclinait devant les circonstances qui impo
saient la loi. Celle-ci ne fut combattue ni à la Chambre
des députés, ni au Sénat. Seulement, comme les circons
tances qui la rendaient indispensable semblaient passa
gères,
on crut devoir en limiter la portée à sept années
seulement. A la Chambre, le rapporteur de la loi,
M. le
député Gastu, ajoutait du reste que si, à l'expiration de