II

LA RÉORGANISATION DES MÉDERSAS 47
ques augmentations accordées depuis, pourle culte musul
man,
qui ont fait disparaître cette écrasante dispropor
tion entre les dotations des différents cultes. Elles ont
permis uniquement d'augmenter quelque peu le nombre
des imans et de leur assurer partout un traitement
annuel de 600 francs.
Il faudra faire beaucoup plus,
le jour où l'on voudra
constituer un clergé officiel qui puisse vraiment répon
dre aux besoins du culte musulman en Algérie. Mais
j'ajoute qu'il ne faudra le faire que le jour,
où le fonc
tionnement des médersas permettra le recrutement de
prêtres capables de prendre, sur leurs coreligionnaires,
le légitime ascendant d'un savoir incontesté.
Ce jourTlà, marabouts et khouans pourront (1) perdre
bien vite l'influence religieuse que le clergé actuel ne
peut songera leur disputer. Avec leur règne exclusif, ne
manqueront pas de disparaître les haines et les préven
tions que leurs prédications entretiennent contre nous.
Fortement armés par l'enseignement reçu dans les mé
dersas,
les futurs ministres du culte musulman sauront
puiser des paroles de tolérance et de paix aux sources
mêmes, dont on ne tire et dont on ne commente que les
paroles de guerre. Sans cesser d'être orthodoxes, ils peu
vent enseigner aux croyants d'autres devoirs que la haine
et l'extermination de l'infidèle. Le Coran lui-même con
tient tout ce qu'il faut pour établir que,
sans rien sacri
fier de leurs croyances, les musulmans peuvent vivre en
bonne intelligence avec des chrétiens. Dans tous les cas,
r (1)
C'est ainsi que se désignent les croyants affiliés à l'une de ces
nombreuses confréries religieuses dont l'influence est si considérable
jdans le monde musulman.