II

112 LA RÉFORME DES CONSISTOIRES ALGÉRIENS
situation et des circonstances économiques qui l'engen
drent n'apparaîtrait guère que comme un insuffisant pal
liatif. Or,
un remède de ce genre est de ceux qui dépas
sent la bonne volonté et lés efforts des pouvoirs publics.
Heureusement, telle n'est point la question juive qui
se pose en Algérie. Certes, l'usure n est point un mal
qu'ignore le pays. Mais comment croire qu'elle y fasse
naître une question juive, alors que tant d'Européens,
de Maltais de Mozabites et de Kabyles n'hésitent point
à disputer aux capitalistes juifs les profits que ceux-ci lui
peuvent demander? Je n'étonnerais même aucun de ceux
qui ont la pratique des affaires en disant que les prêteurs
israélites ne sont pas toujours ceux qui se montrent les
plus exigeants et les plus intraitables.
Il ne faut pas, du reste,
avoir suivi longtemps les inci
dents et les faits de la vie locale pour être convaincu que
c'est bien moins au rôle joué par eux dans la vie écono
mique du pays qu'aux conditions dans lesquelles ils ont
pris part à sa vie publique, que les israélites algériens
sont redevables des rancunes et des préventions dont ils
sont l'objet. AdnA par le décret du 21 octobre 1870,
plus connu sous le nom de décret Crémieux, à jouir de
tous les droits des citoyens français, les israélites algé
riens ont pu, depuis cette époque, participer à toutes les
élections dans les mêmes conditions que les Français d'o
rigine. Il semble que cette décision, qui s'expliquait évi
demment par le désir d'une fusion des israélites indi
gènes dans l'élément français, aurait dû entraîner, par
voie de conséquence, une réforme nécessaire de toutes
les institutions susceptibles de maintenir une ligne de
démarcation tranchée entre ces nouveaux citoyens et