II

36 LA RÉORGANISATION DES MÉDERSAS
silence dans ce foyer intellectuel que n'avait pu éteindre
la domination brutale et ignorante des Turcs.
S'il y avait là autre chose qu'une légende, ce serait, à
coup sûr, peu flatteur pour notre amour-propre. Mais,
bien qu'elles aient été accueillies dans un document par
lementaire, d'ailleurs intéressant (1),
ces idées nouvel
les sur les conséquences de notre intrusion dans les
destinées de l'Algérie me paraissent reposer sur des au
torités vraiment trop discutables, pour que nos suscepti
bilités nationales puissent s'en émouvoir. Elles ne résis
tent guère à l'examen des faits. Si l'on devait retrouver
quelque part les échos, affaiblis peut-être, mais fidèles,
de l'enseignement dont on parle, ce serait assurément
dans les zaouias renommées, où, chassés par nos armes
triomphantes, maîtres et disciples des anciennes méder
sas algériennes sont allés porter leurs habitudes et leurs
méthodes scientifiques. Orl'enseignement de ces zaouias
n est plus à ce point mystérieux qu'on n'en ait, dès long
temps, pénétré les secrets. L'étude, souvent aveugle, de
la lettre même du Coran et de ses innombrables com
mentateurs, voilà c«[ui domine et absorbe toute l'acti
vité intellectuelle de ces nouveaux centres de science et
de lumière. Dans ces conditions, comment croire à la va
leur et aux mérites de l'enseignement des anciennes
médersas ? Ce serait supposer que, transporté dans les
zaouias, cet enseignement ait subi, non pas simplement
une décadence rapide, mais un effondrement subit au
tant qu'irrémédiable.
Mais,
si ce n'est point comme une réparation tardive
(1) Le rapport présenté par M. le sénateur Combes au nom de la
commission sénatoriale de l'Algérie.