II

DES ADMINISTRATEURS DE COMMUNE MIXTE EN ALGERIE 217
prononce. Pour des populations primitives, dépourvues
de toute notion abstraite, l'autorité n'existe qu'à ce prix.
Dépouillé des pouvoirs disciplinaires, l'administrateur
perdrait vite tout prestige aux yeux des indigènes, et il
ne saurait trop en avoir pour la tâche immense qui lui
incombe.
C'est à la loi du 29 juin 1881 que remontent les pou
voirs disciplinaires des administrateurs. Jusque-là, le
territoire civil, tout en englobant un certain nombre de
tribus, ne comprenait guère que des régions déjà ouver
tes à la colonisation, où l'élément européen s'était déjà
formé en groupes susceptibles de constituer des centres
d'influence et d'action. Là où les groupes avaient paru
d'une importance suffisante pour les nécessités de la vie
communale,
on avait créé des communes de plein exer
cice. Ailleurs, on avait organisé des communes mixtes,
en attendant que le développement des centres de colo
nisation en voie de formation permit la création de nou
velles communes de plein exercice. Au delà, c'étaient les
territoires de commandement soumis au régime mili
taire et administrés par les officiers de bureau arabe.
En 1881, M. le gouverneur général Albert Grévy en
leva d'un seul coup aux territoires de commandement,
pour les rattacher au territoire civil, plus de six millions
d'hectares,
habités par une population indigène de plus
d'un million d'âmes. Désormais, le territoire civil, com
prenant tout le Tell algérien et une partie des Hauts
Plateaux,
allait renfermer la grande majorité des popu
lations musulmanes de l'Algérie. C'était élargir d'autant
le cadre des communes mixtes et leur donner une impor
tance qu'elles n'avaient point eue jusqu'alors. Du même