II

LA RÉFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGÉRIE 18»
d'après laquelle l'accusé doit être jugé par ses pairs. En
tous cas, la présence, parmi leurs juges, de deux de
leurs coreligionnaires remplacerait avantageusement,
pour les indigènes, la garantie du jury
les conditions actuelles.
intervenant dans
Dans son remarquable rapport sur le budget de l'Al
gérie, le regretté Burdeau préconisait déjà l'admission
dans le jury, pour juger l'accusé indigène, d'une mi
norité formée par ses coreligionnaires. « On trouverait
chez les jurés indigènes, écrivait-il,
un concours qui
ajouterait aux yeux des Arabes, à l'autorité des arrêts,
et on leur donnerait une marque, dont beaucoup d'entre
eux sont dignes, de notre confiance dans leur esprit de
justice. »
C'est aussi la solution que recommande M. le sénateur
Isaac, dans le remarquable et intéressant rapport qu'au
nom delà commission de l'Algérie, il a présenté au Sénat
sur la justice française et musulmane. Associant les in
digènes à la vie publique de la colonie, dans une mesure
où ils paraissent absolument aptes à y participer, on ne
saurait méconnaître que cette solution se présente avec
le caractère d'une mesure d'assimilation singulièrement
pratique et féconde. Elle se recommande donc,
même,
par là
aux yeux de tous ceux qui considèrent l'assimi
lation des indigènes comme le but, lointain sans doute,
mais persistant et désirable, de notre politique dans
l'Afrique du Nord.
On peut ajouter également que l'opinion des assesseurs
jurés indigènes ne serait pas sans utilité pour la saine
appréciation de nombreux crimes qui trouvent souvent
leur seule explication dans les mœurs arabes ou ka-