II

L'ELEVAGE DU MOUTON EN ALGERIE 85
lui peuvent fournir les éleveurs français. Tout le resté
doit venir du dehors. De là, ces interminables convois de
moutons allemands et hongrois qui, à Avricourt, fran
chissent la frontière française. De là,
ces grands navires
déversant, à Marseille, des flots pressés de moutons,
qu'ils vont puiser dans les steppes de la Russie méridio
nale. N'est-ce point déplorable si l'Algérie peut, à elle
seule,
nourrir et exporter tous les moutons nécessaires à
la consommation française ?
Ainsi, à quelque point de vue qu'on l'envisage, l'éle
vage du mouton, en Algérie, apparaît comme une entre
prise grosse de promesses et de profits. Peut- on le tenter
dans des conditions de nature à solliciter les initiatives
et à séduire les capitaux? Les hauts plateaux de l'Al
gérie peuvent-ils nourrir des moutons susceptibles de
fournir des laines, de donner une chair répondant aux
exigences de la consommation française ? Là est actuel
lement toute la question, car les besoins de la consom
mation sont tels qu'on ne peut assigner à la production
d'autres limites que la qualité même des produits. Si la
réponse peut être affirmative, n'est-ce point pitié de
songer que la question se pose encore? Quoi qu'il en soit,
cette question est aujourd'hui posée, et ce n'est pas en
vain, je l'espère, qu'on appellera sur elle l'attention de 1
l'opinion publique.
Il y a dix-huit ans, je voyais partir pour la Nouvelle-
Zélande trois de mes camarades d'études. C'étaient trois
frères,
appartenant à une famille qui comptait treize
enfants. Leur père, grand industriel \Ie la Loire, venait
de mourir, laissant à chacun de ses héritiers un patri
moine de 200.000 fr. S'en remettant à leurs aînés du