II

LES DÉLÉGATIONS FINANCIÈRES ALGÉRIENNES 285
parfait dans l'institution nouvelle dont l'Algérie va être
appelée à faire l'expérience. Son fonctionnement même
révélera sans doute certaines défectuosités, plus ou moins
graves, auxquelles il faudra remédier. On aurait plutôt
à s'étonner du contraire, caries institutions de ce genre
revêtent rarement, du premier coup, leur forme défini
tive et, en ce qui les concerne, les vues de l'esprit le plus
sagace ne vaudront jamais les enseignements de la pra
tique. L'institution est donc perfectible, et elle sera per
fectionnée. D'excellents esprits n'hésitent pas à y voir le
premier embryon d'une Chambre des délégués, vérita
ble parlement colonial, appelé à discuter et à voter le
budget de l'Algérie au même titre que le Parlement
français discute et vote le budget de la France..!.
Que tel soit l'avenir possible et même probable des
délégations financières, j'y
croirais volontiers. Dans tous
les cas, avant d'y arriver, l'institution aura sans doute
plus d'un remaniement à subir.
Mais ce qu on ne saurait trop hautement proclamer,
c'est que les délégations peuvent dès maintenant pren
dre une influence bienfaisante autant que décisive sur
les destinées de l'Algérie. Telles quelles, en effet, elles
constituent le plus louable effort qu'un gouverneur ait pu
tenter pour arracher ce pays aux luttes stériles de la po
litique. Des émeutes sanglantes, des élections qui se
font sans autre programme qu'un cri de guerre, des
mœurs électorales presque indignes d'un pays civilisé,
tel est le triste bilan qui peut résumer l'œuvre des politi-(
ciens en Algérie. Grâce aux agitations que suscitent et
entretiennent leurs rivalités et leurs querelles, la France
peut croire les populations algériennes mûres pour les