II

42 LA RÉORGANISATION DES MÉDERSAS
miné par le décret du 23 juillet dernier,
peut donc as
surer à nos tolba algériens une incontestable supério
rité sur leurs rivaux des Universités étrangères. Mais,
pour que ce ne soit point là une vaine tentative, dont
l'insuccès vienne grossir la liste, déjà longue en Algérie,
des réformes inutiles et décevantes, il importe que cette
application sôit sérieuse. Aussi ne saurait-on trop insis
ter sur les conditions essentielles du développement des
nouvelles médersas.
Sans doute, on ne peut, dès maintenant,
résoudre, à l'avance,
prévoir et
toutes les difficultés susceptibles
de ralentir ou même d'arrêter ce développement. Il n'en
est pas moins vrai que celui-ci implique certaines con
ditions essentielles, en l'absence desquelles il ne saurait
répondre aux espérances des promoteurs de la réforme
qui vient d'être réalisée.
Il faut d'abord que l'accès des médersas soit rigoureu
sement fermé à tout indigène ne justifiant pas d'une pré
paration suffisante. Qu'on ne soit pas trop rigoureux,
je le veux bien. Mais qu'on exige tout au moins une
instruction primaire complète,
ainsi qu'une connaissance
suffisante de la langue française et de la langue arabe. Je
sais, par expérience, dans quelle large mesure l'igno
rance, vraiment trop complète, des étudiants qu'on y
admettait explique l'insuccès des anciennes médersas.
C'est cette ignorance qui a été le principal obstacle àleurs
progrès. Que peut le zèle des professeurs? L'enseigne
ment le mieux approprié devient stérile. Tout le temps
se perd à des leçons rudimentaires, dans lesquelles le
maître s'épuise en explications dont le simple sens gram
matical échappe souvent à ses auditeurs. Il est donc in-