II

48 LA RÉORGANISATION DES MÉDERSAS
c'est qu'on tropcomplaisamment, peut-être, a parlé d'un
abîme que l'islamisme mettrait, en Algérie,
entre la race
conquérante et la race conquise. En admettant que
l'abîme existe, ce ne sont point assurément les efforts
faits jusqu'ici pour le combler,
qui permettraient d'af
firmer qu'il est infranchissable. Le moindre de ces efforts
eût été, sans doute, de ne passe désintéresser des besoins
du culte musulman au point de ne rien faire ^pour assu
rer l'instruction et le bon recrutement de ses ministres.
Aussi les indigènes pouvaient-ils facilement se laisser
persuader que nous étions les ennemis de leurs croyan
ces, que nous en voulions la disparition, peut-être même
le remplacement par des croyances nouvelles. La réor
ganisation des médersas est le gage d'intentions nette
ment contraires, que, dans un autre milieu, à Paris
même, l'œuvre de la mosquée affirme avec non moins
d'évidence. Elles porteront tous leurs fruits le jour où
le fonctionnement des nouvelles médersas aura permis
de doterl'Algérie d'un clergé musulman dont le dévoue
ment et les lumières soient vraiment à la hauteur de la
mission qui lui sera dévolue. 11 dépend de la France de
ne point le former inférieur à sa tâche, de nourrir ses
futurs membres d'assez fortes études, de les armer d'un
savoir suffisant pour leur permettre de tenter avec suc
cès le combat qu'ils seront appelés à soutenir.
Les résultats peuvent en être tels qu'on ne saurait trop
hautement signaler l'importance de la réforme des mé
dersas, ni trop
vivement insister sur les soins qu'il con
vient d'apporter à sa mise en pratique.