II

LA RÉFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGÉRIE 161
la population justiciable des cours d'assises a été presque
doublée. Du jour au lendemain, en effet,
elle s'est éle
vée brusquement de 1.417.879 à 2.344.000 individus.
Elle n'a fait que s'accroître depuis. A l'heure actuelle,
la population du territoire civil, qui, à ce titre,
ciable des cours d'assises,
est justi
atteint presque le chiffre de
4.000.000 d'âmes. Elle était exactement de 3.704.060
habitants, d'après le recensement du 1er janvier 1892.
La statistique des affaires criminelles s'est singulière
ment ressentie de cette augmentation rapide du nombre
des justiciables. De 1871 à 1880,
elle accusait un chiffre
total de 2.400 affaires. Pour la période correspondante,
de 1881 à 1890, ce chiffre comprend 5.214 affaires,
dans lesquelles sont impliqués 7.880 accusés.
Mais,
si elle faisait plus que doubler le nombre des
affaires criminelles soumises à la juridiction des cours
d'assises, la subite extension du territoire civil n'appor
tait aucun appoint nouveau au contingent des jurés.
Aussi, de lourde qu'elle était, la charge du jury devient-
elle écrasante.
C'est à d'incessantes convocations que les colons sont
désormais exposés. La simple
comparaison du chiffre
de la population dans laquelle se recrute le avec jury le
chiffre de la population des justiciables l'atteste avec
une éloquence significative. D'après le recensement de
1892, la population française, en y comprenant les Is
raélites,
ne dépasse pas 311.897 âmes contre 3 millions
292.163 étrangers ou indigènes musulmans. C'est donc
dans une population de 300.000 âmes qu'il faut recru
ter les jurés nécessaires à plus de 3 millions 1/2 de jus
ticiables. Aussi ne doit-on point s'étonner de cette
n