II

L'OEUVRE DES HOPITAUX INDIGÈNES EN ALGÉRIE 255
lage voisin. En jouant avec un pistolet, il a imprudem
ment pressé la détente et. s'est logé une balle dans l'a-
vant-bras. On doit la lui extraire le lendemain. Lors
qu'il se présente devant nous, c'est en coupable que là
bonne sœur l'accueille,
lui reprochant ce qu'il a fait
comme un acte d'idolâtrie blâmable. N'est-ce pas signi
ficatif pour indiquer l'esprit dans lequel les sœurs blan
ches poursuivent et accomplissent leur œuvre de charité?
Aussi, il faut voir avec quelle reconnaissance ot quelle
soumission naïves les malades acceptent leurs soins.
Evidemment, chez ces natures primitives, le dévoue
ment de ces nobles femmes éveille l'idée d'une supério
rité qu'ils subissent plus impérieusement peut-être qu'ils
n'ont subi la force de nos armes.
« Oh ! je voudrais épouser une française », disait un
jeune malade de l'hôpital d'Aris, après avoir vu une re
ligieuse prodiguer ses soins à un vieillard atteint d'une
répugnante infirmité. Que les sentiments ainsi naïve
ment exprimés par ce jeune chaouïa se répandent quel
que peu dans les milieux indigènes,
et on ne pourra plus
parler de l'infranchissable abîme, qui, en Algérie, sépa
rerait la race conquérante de la race conquise. Quand on
a surpris certains regards comme ceux que les malades
d'Ouarzen ou d'Aris attachent parfois sur leurs admira
bles infirmières,
on ne peut douter de l'ample moisson
de reconnaissance que le dévouement de ces saintes
filles prépare à la France. On parle souvent de l'élo
quence des yeux. Je ne l'ai jamais mieux subi que lors
d'une visite à l'hôpital d'Ouarzen. Une religieuse pan
sait un malade défiguré par une plaie hideuse. Avec
d'infinies précautions, elle lavait la blessure, enlevant