II

172 LA RÉFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGÉRIE
mises en accusation, en dépit même de la multiplicité
de leurs sessions, les quatre cours d'assises, qui fonction
nent actuellement en Algérie,
sont manifestement im
puissantes à permettre l'écoulement rapide des affaires.
Ce n'est pas seulement le principe de la liberté indivi
duelle, qui, de ce chef, reçoit de regrettables atteintes.
La certitude de la répression et l'exemplarité de la peine
en sont singulièrement diminuées. La condition essen
tielle peut-être de la bonne administration de la justice
criminelle, c'est,
comme le dit très justement M. Flan
din (1), la célérité de la répression. Lorsqu'un crime
n'est déféré au qu'après jury de longs mois écou
lés, le souvenir du crime est presque effacé et la
peine a perdu son plus grand mérite, celui de l'exem
plarité. Cette idée est vraie surtout vis-à-vis de l'indi
gène, que ses traditions ont peu préparé au formalisme
de notre législation. Pour lui, le sentiment de la justice
se confond avec le respect de la force. Une justice lente
est, à ses yeux, une justice hésitante et débile, et tout
retard dans la répression lui apparaît nécessairement
comme un indice