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LA REFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGERIE 16»
avec une évidence attristante, ce qu'aux yeux de certains
colons pèse la vie d'un indigène,
préjudice éprouvé par un des leurs.
en face d'un simple
Il s'agissait de colons des environs de Blidah qui, pour
faire avouer à unjeune indigène un vol dont il était d'ail
leurs innocent (1),
n'avaient trouvé rien de mieux que
d'en revenir aux pratiques des tortionnaires de l'Inqui
sition. Malgré l'horreur des tortures qu'attestaient les
constatations médicales les plus explicites, en dépit
même des aveux des bourreaux improvisés, le jury au
quel on avait demandé la punition des coupables, ré
pondit par un acquittement pur et simple. Il y avait là
un véritable déni de justice. C'était vraiment autoriser
les indigènes à croire qu'ils ne devaient point compter
sur la protection des lois françaises. Aussi les autorités
judiciaires crurent-elles de leur devoir de reprendre,
au correctionnel, les poursuites qu'elles avaient vaine
ment exercées devant la Cour d'assises. Devant la Cham
bre des appels correctionnels de la cour d'Alger, l'af
faire s'est dénouée par une juste et sévère répression (2).
Si on avait pu conserver quelques doutes sur la signi
fication de l'acquittement accordé par le jury dans cette
affaire,
il faudrait se résigner à les perdre en présence
de certains documents qu'ont mis en pleine lumière les
débats du procès correctionnel. Voici, à titre d'exemple,
une lettre dont lecture a été faite à l'audience,
et au bas
de laquelle on peut, avec raison, s'étonner de lire la si-
(1) C'est du moins ce qui résulte d'une information ouverte par les-
soins du parquet de Blidah.
(2)
Les coupables ont été frappés de peines variaut de dix-huit mois-
à deux ans de prison.