II

Ainsi,
LA PROROGATION DES POUVOIRS DISCIPLINAIRES
IV
à s'en tenir aux seules considérations qui de
vraient dominer le débat, il semble qu'aucune objection
ne saurait être faite au maintien des pouvoirs discipli
naires dont les administrateurs sont actuellement in-
* vestis. Mais il faut compter avec cette sorte de fétichisme
| que professe l'esprit français pour les principes qu'il
i considère comme les conditions mêmes de la vie sociale
d'un peuple. Il faut également se préoccuper de l'igno
rance où l'on est, en France, de ce que sont les milieux
indigènes de l'Algérie,
et des conditions dans lesquelles
s'exerce l'action des administrateurs. Or, il n'est pas
douteux que les pouvoirs disciplinaires des administra
teurs paraissent peu compatibles avec le principe de la
séparation des pouvoirs. C'en est assez pour que, sans se
préoccuper de la différence des milieux sociaux, on n'hé
site point à les présenter comme de véritables mons
truosités juridiques,
révoltant les indigènes non moins
qu'elles nous révoltAaient nous-mêmes.
Tel a été le thème favori de toutes les attaques diri
gées contre les pouvoirs disciplinaires des administra
teurs,
et on doit s'attendre à ce que ce thème soit repris
et développé en 1897, comme il l'a été précédemment,
en 1888 aussi bien qu'en 1890.
Assurément, je ne veux pas mettre en doute la bonne
foi de ceux qui se sont faits ou se feront les protagonis
tes des résistances opposées au maintien des pouvoirs
disciplinaires des administrateurs. Mais cette bonne foi
ne suppose rien moins qu'une ignorance complète des