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170 LA RÉFORME DES COURS D'ASSISES EN ALGÉRIE
gnature du maire et -des conseillers
municipaux de la
commune où s'étaient déroulées les péripéties du drame
sauvage dont il s'agissait.
c< Les soussignés, colons à Mouzaiaville, ont l'honneur de décer
ner à M. Abadie et à sa famille le certificat suivant afin qu'il en
fasse telle usage que bon lui semblera dans les circonstances mal
heureuses qui l'accablent aujourd'hui.
.< M.
Abadie, aidé de sa famille,
est depuis fort longtemps pro
priétaire à Mouzaiaville où il a créé une exploitation importante
consistant en 80 hectares dont 24 en vigne. Jamais, dans sa vie
agricole, le moindre fait ne montra en lui un caractère injuste ou
violent avec ses employés, européens ou indigènes.
« Cependant il fut victime, comme nous tous, des voleurs ara
bes. II est vrai qu'avec notre régime judiciaire appliqué aux indi
gènes, nous ne nous étonnons pas de l'état de choses actuel, au
contraire.
i Cependant, lorsque le vol dont a été victime M. Abadie de la
part de cet indigène qui, aujourd'hui, le traîne sur ce banc d'infa
mie, lorsque ce vol, disons-nous, eut lieu, l'exaspération du colon
Abadie fut à son comble et, outrepassant peut-être les droits que
les lois françaises, faites pour les Français, lui octroyaient, il
alla jusqu'à faire avouer son vol à l'indigène.
« Cet incident, grossi à plaisir par des gens aussi peu colons
que possible et remplis d'un sentimentalisme outré, fit grand bruit
et amena l'arrestation de M. Abadie et de plusieurs membres de sa
famille.
« Les dommages causésfcar ces arrestations sont considérables.
Toute une famille de pionniws, de colons, est plongée dans la désola
tion, les affaires sont suspendues, l'exploitation souffre de l'absence
■du maitre. la sécurité même est compromise par le fait même de cet
•emprisonnement! Nous entendons, tous, les raisonnements des indi
gènes commentant cette affaire !"
N'avons-nous pas vu un t'ait aussi
■déplorable dans la condamnation d'un magistrat municipal voisin de
notre pays ?
« Toutes ces considérations pesées et examinées par nous, colons de
Mouzaiaville, nous ont poussés à protester énergiquement contre
l'existence de l'état d'esprit actuel de nos fonctionnaires judi
ciaires, et nous supplions les membres du jury qui auront le devoir
de juger la conduite de, M. Abadie de demander un acquittement pur
■et simple de tous les accusés, et cela non seulement dans l'intérêt de
la famille Abadie, si avantageusement connue par nous tous, mais en
core par raison supérieure de sécurité pour l'Algérie... »