Leibniz, Akademie-Ausgabe, Bd. I, 20 - Gottfried Wilhelm Leibniz ...

754 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1701–1702 N. 441
renverser son temoignage, de dire, qu’il a soutenu plus que je ne veux. Suffit que ma these
est vraye à son egard, et qu’importet il qu’il est allé encor plus loin, et a douté de quelques
livres du Nouveau Testament que les protestans reçoivent? Il m’est permis d’alleguer un
auteur qui est de mon sentiment dans le point dont il s’agit, quoyqu’il ne le soit point
5 en quelques autres points. On ne veut point que Cajetan doit estre suivi en tout ce qui
regarde le Canon: il n’est point seul du sentiment pour le quel nous le citons, et joint à
tant d’autres, il contribue à remplir la suite de la perpetuité de la doctrine là dessus. Et
par luy même, c’est à dire par son savoir et son autorité, c’est un grand temoin. C’estoit
un Cardinal de l’Eglise de Rome, un Legat a latere pour l’Allemagne; un auteur celebre,
10 une lumiere de l’Ecole des Thomistes. Il a écrit dans des temps, où l’on devenoit assez
jaloux. On m’objecte qu’il a exclu du Canon, des livre[s] que les protestans reçoivent, et
qu’ainsi le Concile a pû recevoir des livre[s] qu’il exclut: mais autre chose est recevoir
comme font les protestans; autre chose enjoindre sous Anatheme, comme font Messieurs
de Trente ennemis perpetuels de la liberté de l’Eglise, et tousjours préts, quand il s’agit
15 de contredire les Protestans, à faire passer pour dogme necessaire ce qui ne le fut jamais.
Outre que les protestans n’ont receu que ce qui estoit déja le plus receu, et que Trente
veut forcer sous anatheme de croire le contraire de ce qui estoit receu generalement.
(Ad 2) Mons. de Meaux veut inferer de ces opinions de Cajetan que j’ay posé
un f a u x p r i n c i p e c o m m e s ’ i l n ’ e s t o i t p a s p e r m i s d e f a i r e
20 p a s s e r p o u r c e r t a i n e m e n t C a n o n i q u e u n l i v r e , d o n t i l
e s t o i t a u t r e m e n t p e r m i s d e d o u t e r. Mais p r e m i e r e m e n t je n’ay
point eu besoin de poser un tel principe; et m’y borner, c’est affoiblir la force de mes raisons,
en les representant. La doctrine condamnée à Trente n’a pas esté seulement permise
autres fois, mais elle a esté receue, dominante, generale; tellemen[t] qu’on peut dire que
25 la contraire est une pure nouveauté qui à peine pouvoit estre permise et tolerée. Et c’est
la plus insupportable des entreprises, de la vouloir établir sous anatheme, et de pretendre
qu’elle chasse sans retour, ce que l’Eglise croyoit de tout temps. S e c o n d e m e n t en
formant ce pretendu principe qu’on m’attribue, on oppose ce qui n’estoi[t] point op[p]osé;
car un dogme peut passer pour certain, quoyqu’il soit permis d’en douter. Nous ne con-
30 damnons pas tousjours ceux qui n’admettent pas ce que nous tenons pour certain. Le
repos de la terre passoit pour certain, et cependant on ne s’avisoit pas de condamner
13 enjoindre . . . Anatheme: so laut des 1. Dekrets der sessio quarta des Tridentinums, vom 8. April
1546 (vgl. Concilium Tridentiunum. Diariorum, actorum, epistolarum, tractatuum nova collectio, T. 5,
Friburgi Brisgoviae 1911, S. 91).
29. 11. 2006