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DOCUMENT FINAL DES SEMAINES THÉMATIQUES DE LA TRIBUNE DE L’EAU D’EXPO ZARAGOZA 2008 les terrains broussailleux. Comme le dit Calder (2000), que ce soit dans des zones très humides ou très sèches, l’évaporation est probablement plus importante dans les forêts qu’avec d’autres types de végétation, les bassins forestiers ayant un débit de ruissellement inférieur si on les compare avec d’autres usages des sols. De la même manière, l’élimination temporaire ou permanente de la couverture forestière, par exemple à cause d’un incendie, entraîne une augmentation du débit dans le bassin, mais aussi une augmentation des nitrates (contaminants), dans le cas particulier du feu, et du risque d’inondations. On s’accorde en général sur le fait que les forêts non perturbées sont la meilleure couverture pour réguler le flux d’eau dans les bassins hydrographiques et minimiser le risque de crues, c’est à dire leur fréquence et/ou leur impact destructeur. Les expériences menées dans les Bassins Expérimentaux de Vallcebre (Llorens, 2005), situés dans les Pré-Pyrénées catalanes, par le biais d’un suivi des changements du débit à la sortie des parcelles pendant 10 ans et l’application d’un modèle hydrologique, ont fait ressortir que, si dans un petit bassin du complexe on procédait à une déforestation totale -eu égard à la couverture actuelle (70% de prés et 30% de pinèdes)-, les débits diminueraient de 18%. En résumé, conformément aux évidences expérimentales généralisées, nous pouvons conclure que la réduction de la couverture arborée pourrait être la solution aux problèmes de pénurie d’eau qui peuvent nous menacer. Porter cette conclusion jusqu’au point limite d’éliminer complètement les forêts pour obtenir de plus grands débits de drainage serait une sorte de réduction absurde. Les bassins forestiers et les forêts qu’elles abritent remplissent de multiples fonctions, et non pas une seule et unique, et c’est précisément dans l’harmonisation de cette multifonctionnalité avec les demandes de la société, en sauvegardant la persistance et même l’amélioration des écosystèmes et des valeurs qu’ils possèdent, que se situe l’objectif de la gestion forestière. Il nous faudra donc trouver dans chaque cas la solution adaptée 28 EAU ET TERRE aux nécessités établies par la société, en sauvegardant les options futures, c’est à dire la réversibilité. Cette solution doit satisfaire, en plus de la conservation des valeurs naturelles, les multiples usages ou demandes, d’ordre récréatif, culturel, protecteur, scientifique, paysager, productif, écologique, hydrologique, cynégétique et économique, entre autres. La diminution de la densité de la couverture arborée conduit à une augmentation de la quantité d’eau évacuée par le bassin dans des proportions significatives. Par contraste avec l’évidence disponible que les forêts sont des grandes consommatrices d’eau, il y a des évidences quant au fait que les forêts brumeuses présentent une haute capacité d’interception de l’eau de brouillard, y compris supérieure aux pertes par transpiration (Langford, 1976 ; Holmes & Wronski, 1982 ; Bruijnzeel, 1990). L’influence des forêts sur le régime des eaux est une autre question centrale de l’hydrologie forestière. Du point de vue des ressources hydriques, l’intérêt se centre particulièrement sur le débit de base en connexion avec les besoins d’approvisionnement en eau et les volumes de retenues qu’ils peuvent impliquer. Les flux d’étiage, les débits de base sont ce qui détermine la capacité d’approvisionnement d’une rivière et non pas ses débits maximums, ni même les moyens. Nous pouvons donc signaler le fait que face à la question de l’approvisionnement en eau nous aurions deux options : augmenter le volume de retenue (avec la complexité que cela suppose) ou bien augmenter les valeurs du flux de base. La question est : quel rôle peuvent jouer les forêts et leur gestion dans la possible augmentation des flux de base ? Si les débits de base diminuaient, à cause d’une petite infiltration et percolation, ou par une diminution prolongée du niveau piézométrique pour quelque autre raison que ce soit (excès d’extraction d’eau),
DOCUMENT FINAL DES SEMAINES THÉMATIQUES DE LA TRIBUNE DE L’EAU D’EXPO ZARAGOZA 2008 nous réduirions la régulation naturelle qui entraînerait la nécessité éventuelle d’être compensée par une régulation artificielle (barrage). A la différence du cas de l’influence des forêts sur la quantité d’eau évacuée par un bassin, nous ne disposons pas ici d’évidences expérimentales. Néanmoins, ces évidences ouvrent la perspective de concevoir une gestion forestière orientée vers l’optimisation des débits de base. L’incidence des forêts, par leur conservation et leur gestion, sur la qualité de l’eau et les écosystèmes fluviaux est manifeste et il n’est pas besoin de s’arrêter à justifier une chose admise par tout le monde. L’incidence des forêts sur l’érosion et la sédimentation, la température de l’eau, les nutriments dissous, l’échange d’oxygène et éventuellement sur les substances chimiques utilisées en sylviculture est déterminante. Dans les bassins forestiers les objectifs de qualité de l’eau devraient généralement dépasser en importance ceux qui ont trait à la quantité d’eau. Les rives ont une grande importance en tant que filtre protecteur de l’eau qui coule entre elles, en plus de leurs valeurs spécifiques du fait qu’elles hébergent des écosystèmes de grande valeur intrinsèque et parce qu’elles servent de couloirs biologiques. L’établissement de bandes de protection suffisamment larges sur les rives devrait être une pratique généralisée. Toute stratégie éventuelle pour augmenter la production d’eau dans les bassins forestiers devra inscrire comme conditions préalables la maintenance de la qualité de l‘eau et la protection du sol face à l’érosion. Le Service Forestier des Etats-Unis propose des orientations pour l’incorporation d’objectifs hydrologiques dans la gestion forestière (Tewry et Hornbeck, 2001). Parmi ces objectifs hydrologiques figurent ceux qui sont relatifs au maintien de la qualité de l’eau et en particulier ceux-ci : l’amélioration ou l’habilitation d’habitats piscicoles et la protection intensive des rives. Parmi les possibles objectifs relatifs à la quantité d’eau sont indiqués l’accroissement de la production d’eau, le maintien ou l’accroissement des flux minimaux, la limitation des pics de crue et la récupération 29 EAU ET TERRE de la fonction hydrologique dans les zones préalablement altérées. Pour chacun de ces objectifs spécifiques à atteindre, cela donne au gestionnaire forestier un certain nombre d’orientations. Par exemple, en rapport avec l’augmentation de la production d’eau il est signalé que l’unité minimum de gestion sera de 20 ha et que tous les peuplements qu’elle englobera et qui seront identifiés comme adjacents à l’eau, terrains humides ou bandes de protection des rives, devront respecter les conditions suivantes : (1) les espèces à feuilles persistantes ne doivent pas dépasser 30% de la surface basimétrique ; (2) la fraction de capacité couverte ne doit pas excéder 70% ; (3) si le peuplement est en régénération, la densité relative d’arbres mères ne doit pas dépasser 30% et les scions ne doivent pas occuper plus de 30% du terrain. Ces recommandations peuvent impliquer les traitements suivants : (1) réduire l’existence des peuplements en dessous de 70% de la fraction de capacité couverte ; (2) employer des rotations courtes ; (3) promouvoir la végétation touffue et (4) favoriser la régénération des scions. La contribution des forêts à la production d’eau régulée et de qualité est un des principaux bénéfices des écosystèmes forestiers et l’un des objectifs fondamentaux de leur gestion. mary objectives in their management. 6. LA FORÊT MÉDITERRANÉENNE La majeure partie des caractéristiques distinctives de la végétation méditerranéenne est dérivée des conditions de croissance limitées par l’eau. A l’échelle régionale, la relation précipitations/évapotranspiration potentielle offre des valeurs faibles pour les écosystèmes méditerranéens, souvent en dessous de l’unité, et cela constitue une des différences les plus importantes par rapport aux écosystèmes tempérés. Les valeurs d’évapotranspiration réelle/ évapotranspiration potentielle obtenues dans différents bassins hydrographiques expéri
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