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les médias sous gorbatchev

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L'édition de livres<br />

A. S. : Les écrivains <strong>les</strong> plus populaires de l’année sont Alexandre Soljénitsyne et<br />

Andrei Sakharov, mais j’attribue plutôt leur popularité ŕ l’attrait exercé par la personnalité<br />

hors du commun de ces défenseurs des droits de l’homme. En disant cela,<br />

je ne veux pas diminuer la valeur littéraire de leurs écrits.<br />

M. E. : Il parat que <strong>les</strong> romans policiers sont <strong>les</strong> livres <strong>les</strong> plus demandés actuellement.<br />

Est-ce que l’intért démesuré pour ce genre de littérature est explicable ?<br />

A. S. : Je pense que le peuple est las des débats politiques, des privations et de la misčre,<br />

de notre histoire affreuse et de l’absence de perspectives. Les gens veulent se distraire<br />

un peu.<br />

M. E. : On peut espérer que le transfert ŕ l’économie de marché sera capable de rassasier<br />

la demande de livres et, d’autre part, habituera ŕ la lecture ceux qui ne lisent pas<br />

maintenant.<br />

A. S. : Mais l’essence du problčme consiste justement dans le fait que le marché et<br />

ses prix «contractuels» diviseront la société en élite qui lit beaucoup et en citoyens<br />

moyens qui ne lisent pratiquement rien. Les 60 000 000 de retraités, <strong>les</strong> 30 000 000<br />

d’invalides, <strong>les</strong> 45 000 000 d’enfants et d’écoliers seront pratiquement privés de lecture.<br />

C’est une vraie tragédie. Il y aura toute une génération soviétique rejeté hors de<br />

la culture littéraire. Nous assisterons alors ŕ la montée du vandalisme, de l’agressivité,<br />

au mépris de l’individu. Les causes de ces phénomčnes négatifs sont multip<strong>les</strong><br />

mais le manque des livres s’y ajoutera.<br />

M. E. : Est-il possible que l’économie de marché n’apporte rien aux lecteurs ?<br />

A. S. : Je suis loin de l’affirmer : le marché permettra de satisfaire la demande massive<br />

d’oeuvres littéraires. Rappelez-vous qu’il y a cinq ans ŕ peine, il était pratiquement<br />

impossible de se procurer des livres de Boulgakov, de Grossman, de Platonov.<br />

Et maintenant, leurs oeuvres sont tirées ŕ 10 000 000 ou 15 000 000 d’exemplaires.<br />

Leurs prix au marché parallčle baissent.<br />

M. E. : Vous parlez du manque des livres, tandis que <strong>les</strong> rayons des libraires sont encombrés<br />

de littérature de rebut.<br />

A. S. : Ce type de produits imprimés (et il s’agit principalement de la littérature<br />

dite «socio-politique») ne correspond ŕ aucune demande et ce fait est connu, mais<br />

ils paraissent toujours ŕ cause de l’égoi’sme collectif de certaines maisons d’édition<br />

et de leur servilité devant <strong>les</strong> supérieurs : ce sont des sentiments diffici<strong>les</strong> ŕ<br />

déraciner. La réduction des tirages de ces produits pourrait dégager des réserves<br />

supplémentaires de papier pour faire paratre des livres vraiment intéressants et<br />

uti<strong>les</strong>.<br />

Le premier contact avec la réalité soviétique exerce sur le citoyen<br />

occidental l’effet d’un bain glacé, car <strong>les</strong> premičres impressions qu’il en<br />

tire semblent défier le bon sens et la logique la plus élémentaire. Personne<br />

pourtant ne prend le soin d’expliquer ŕ nos sympathisants occidentaux<br />

nos rčg<strong>les</strong> du jeu, qui ne ressemblent nullement aux normes de vie en<br />

Occident. Les principes organisationnels de nos administrations, des<br />

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