les médias sous gorbatchev

Quelles sont les possibilités la presse libre ?
Ostrinski a décliné cette proposition. L’article a été supprimé. A ma question de
savoir de qui venait l’ordre, Ostrinski a écarté les bras : « D’en haut ».
Donc, la CENSURE en tant que telle n’y était pour rien. Alors qui était l’initiateur
de cette « CENSURE politique » ? Au-dessus du secrétaire du CC, il y a le premier
et le deuxičme secrétaires. Le premier, ce jour-lŕ, était ŕ Moscou, j’ai téléphoné au
second, Alexe Krivdenko.
– Je ne comprends pas la raison de votre coup de téléphone, m’a-t-il dit, perplexe.
A la derničre réunion du CC, nous avons adopté le programme d’action du
Komsomol visant la liquidation des séquelles de la catastrophe. Nous créons une
section spéciale...
– Ainsi, la décision de retirer l’article recopié des Nouvelles de Moscou n’émanait
pas des organes du Komsomol ?
– Cessons donc cet entretien inutile.
Le diktat ŕ l’égard de la presse n’est pas un phénomčne nouveau en Biélorussie. Et
ce n’est pas la premičre fois que les journalistes de l’organe pour la jeunesse défendent
le droit des lecteurs ŕ une information véritable. Il y a un an, lorsque, par les
canaux de l’Agence télégraphique de Biélorussie, a commencé ŕ déferler, avec la
note « publication obligatoire », un flot d’articles fustigeant la société antistaliniste
« Le martyrologue de Biélorussie » qui venait d’tre créée, le collectif du
Tchervonaa Zmena s’est insurgé contre leur publication. Le 30 octobre 1988,
lorsqu’avait été dispersé le meeting ŕ Kouropaty, le reportage photo consacré ŕ cet
événement a « sauté » ŕ plusieurs reprises de la maquette. C’est ŕ ce moment-lŕ que
Zékov, l’adjoint du rédacteur en chef, a osé publier un article sur les travaux de
prospection pour la construction d’une centrale nucléaire en Biélorussie, article
retiré une semaine auparavant du Vitebskaa rabotchaga sur l’ordre de V. Grigoriev,
premier secrétaire du comité régional du parti. La lutte de l’opinion publique contre
l’installation de la centrale nucléaire dans la république a été couronnée de succčs,
mais le peu accommodant Zékov a été remercié : des instances supérieures,
comme toujours inconnues, se sont abstenues de le nommer ŕ la place du rédacteur
en chef devenue vacante.
Enfin, voici l’histoire de l’article des Nouvelles de Moscou. L’interdiction de le publier
ne s’explique-t-elle pas par les paroles»d’AIess Adamovitch citées dans ce mme
article qui jugeait que les gens responsables de Tchernobyl loin de pouvoir améliorer
la situation, ne pouvaient que continuer ŕ mentir pour s’en tirer ?... A ce propos,
les épreuves sur le stand n’ont mme pas survécu une heure : elles ont été arrachées.
Par qui ? C’est la premičre fois que je voyais cet homme, dit Zékov. Il s’est rué dans
mon bureau, menaçant de retrouver, d’aprčs l’écriture, l’auteur de l’affichage.
En conclusion : l’article a été retiré du journal juste le jour de la nouvelle session du
CC du PCUS de Biélorussie. « Nous intervenons résolument contre les tentatives
[...] de défigurer la vérité au nom des intérts sectaires », y a dit Efrem Sokolov, le
premier secrétaire du CC. Il a été beaucoup déclaré, ce jour-lŕ, qu’il ne devait pas y
avoir de secrets pour le peuple...
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