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les médias sous gorbatchev

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68 Les journalistes au service de la Perestroika<br />

Hélas, cette leçon s’est avérée peu instructive pour moi. Ne saisissant pas encore toute<br />

la profondeur de l’hypocrisie communiste, croyant encore ŕ la vérité et ŕ la justice, j’ai<br />

préparé, en janvier 1988, ŕ ma propre initiative, sans « licence », un grand article intitulé<br />

« Le jugement de la conscience », sur la corruption qui avait pénétré toute la vie<br />

en Arménie. La commission du CC du PCUS qui s’était rendue d’urgence ŕ Erevan,<br />

aprčs la publication de l’article, n’a pas pu le démentir : <strong>les</strong> faits exposés dans celui-ci<br />

étaient trop évidents, vérifiés selon des documents ou des discours prononcés par <strong>les</strong><br />

membres du CC du Parti communiste Arménien aux sessions pléničres. Mais la publication<br />

a quand mme été neutralisée. Cette tâche a été exécutée avec brio par le<br />

responsable de l’Arménie au CC du PCUS G. Khartchenko, chef adjoint du département<br />

organisationnel. Celui-ci a su démontrer que Démirtchian n’avait commis rien<br />

de mauvais. Et ce dernier est resté encore quelques mois au gouvernail, jetant de<br />

l’huile sur le feu du conflit au Karabakh. Khartchenko a brillamment rempli <strong>les</strong> fonctions<br />

qui lui avaient été confiées. L’avancement ne s’est pas fait attendre. Il est devenu<br />

premier secrétaire du comité du parti de la région de Zaporojié et puis, tout récemment,<br />

le deuxičme secrétaire du parti communiste d’Ukraine.<br />

Parole d’honneur, je suis incapable de deviner pourquoi je suis resté impuni aprčs<br />

toutes ces péripéties. L’appareil ne pardonne pas la désobéissance aux journalistes.<br />

Et le cas du correspondant particulier Volodia Chvetsov en est un éclatant exemple.<br />

Son article trčs critique sur le comité du parti de la région de Toula (affaire dans<br />

laquelle était impliqué le Comité de contrôle du parti auprčs du CC du PCUS) a<br />

valu ŕ Volodia la retraite pour cause de maladie. On a trouvé dans son article des<br />

erreurs comme celle-ci : le correspondant écrit que X a appelé Y au téléphone, mais<br />

en réalité c’était l’inverse. On a compté une vingtaine de tel<strong>les</strong> erreurs graves. Il n’y<br />

a pas longtemps, Chvetsov a regagné la rédaction.<br />

Les temps ont changé. Vaut-il la peine de se rappeler tout cela ? Mais que faire avec<br />

ma vie vécue ? Que faire avec le quart de sičcle de duperie et d’illusions ? Ou bien<br />

est-ce dans cette pénitence que je trouverai une consolation pour repartir ŕ zéro ?<br />

Des temps nouveaux pour la presse ne sont pas réellement arrivés. Le monopole du<br />

parti a été légčrement ébranlé, mais il reste présent. Les publications « informel<strong>les</strong> »<br />

sont non professionnel<strong>les</strong>, primitives et leurs tirages sont négligeab<strong>les</strong>. Pour le<br />

moment, le papier et <strong>les</strong> imprimeries se trouvent entre <strong>les</strong> mains du parti d’avantgarde.<br />

Les changements cosmétiques ne touchent pas au fond des choses. La presse<br />

centrale, dont des organes « sans parti » tels que le Troud et <strong>les</strong> Izvestia, demeurent<br />

des véhicu<strong>les</strong> de l’idéologie communiste.<br />

Une presse nouvelle, libre, nat <strong>sous</strong> nos yeux ; elle nat dans <strong>les</strong> tourments, dans une<br />

âpre lutte contre la démagogie. Pourtant, <strong>les</strong> journalistes n’ont pas encore fait leur<br />

acte de contrition : ils ne se sont pas encore repentis devant le peuple. Et je pense<br />

qu’ils ne le feront pas de sitôt.<br />

Le journal Kouranty (nouvel organe de la municipalité de Moscou)<br />

a poursuivi la publication d’une série de « pénitences » de journalistes de<br />

quotidiens soviétiques centraux qui avaient travaillé comme correspondants<br />

particuliers et envoyés spéciaux. Le 20 décembre 1990, Viatcheslav

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