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les médias sous gorbatchev

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172 Les journalistes au service de la Perestroika<br />

décrit notre temps et ce qu’il pense tre la plus grande vérité en se référant ŕ son<br />

honneur et ŕ sa conscience (...) Mais le temps viendra et, comme <strong>les</strong> trente-trois<br />

preux du conte, nous sortirons des flots de la mer et c’est ainsi que notre grande littérature<br />

sera restaurée». Soljenitsine pensait tout de mme que <strong>les</strong> preux n’étaient<br />

que «le symbole de l’au-delŕ» (...) « Ce ne seront que nos livres conservés grâce ŕ la<br />

fidélité et ŕ l’ingéniosité de nos amis ; ce ne seront pas nos corps, car nous ne serons<br />

plus nous-mmes de ce monde ». Heureusement que cette prévision de Soljenitsine<br />

ne s’est pas réalisée en ce qui le concerne, lui. Mais dans le cas de Grossman, en<br />

revanche, cette prophétie s’est réalisée ŕ la lettre.<br />

Les livres de Grossman et de Soljenitsine, de Sakharov et de<br />

Pasternak devraient tre étudiés ŕ l’école. Mais l’école soviétique en est<br />

encore loin, car <strong>les</strong> oeuvres de ces fils glorieux de la Patrie sont introuvab<strong>les</strong>,<br />

comme la Bible. La Bible est vendue ŕ des prix qui dépassent<br />

50% du salaire mensuel moyen. Il faut payer autant au revendeur pour<br />

n’importe quelle oeuvre des écrivains que nous venons de citer. Il ne<br />

s’agit pas de Sakharov pour le moment : ŕ la mi-1991, <strong>les</strong> principaux<br />

livres qu’il avait écrits dans sa vie, dont ses mémoires n’avaient pas paru<br />

en URSS. L’interdiction non officielle de citer dans la presse ou ŕ la<br />

télévision le nom de Sakharov a été en vigueur pendant encore trois ou<br />

quatre ans aprčs le retour ŕ Moscou, en 1986, du lauréat du Prix Nobel<br />

déporté ŕ Gorki, oů il avait passé 7 ans. C’est seulement aprčs la mort<br />

de Sakharov, en décembre 1989, que <strong>les</strong> journaux ont commencé ŕ donner<br />

son nom en toutes lettres et sur toutes <strong>les</strong> pages. De son vivant, pas<br />

une seule fois il n’a eu droit ŕ une grande interview dans la presse ou ŕ<br />

la télévision.<br />

Si <strong>les</strong> autorités ne trouvent plus rien ŕ redire, el<strong>les</strong> décident enfin<br />

de publier quelque ouvrage, mais en abrégé et ŕ faible tirage. En 1990,<br />

la rédaction de la maison d’édition Naouka (Moscou) a commencé ŕ<br />

préparer la publication <strong>sous</strong> une forme tronquée des Etudes sur la<br />

rébellion russe du général Anton Ivanovitch Dénikine, un des participants<br />

<strong>les</strong> plus actifs au mouvement des Blancs pendant la guerre civile<br />

en Russie. Remarquons que cet ouvrage a été édité ŕ l’étranger en cinq<br />

volumes.<br />

L’histoire véridique de l’Etat soviétique n’a jamais été écrite en<br />

URSS. Les falsifications ne manquaient pas. Chaque secrétaire général du<br />

PCUS nouvellement élu commandait ŕ ses rédacteurs de composer une «<br />

nouvelle » histoire soviétique répondant ŕ ses désirs. La premičre version<br />

de la Seconde guerre mondiale n’avait évidemment d’autres objectifs que<br />

de chanter des louanges au « guide génial et pčre des peup<strong>les</strong> le camarade<br />

Staline ». La deuxičme version, la troisičme version... et nous en passons.<br />

Ecoutons plutôt le point de vue de Stanislaw Lem, futurologue et auteur

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