les médias sous gorbatchev

462 L'opinion publique en URSS
tte Youri Soloviov, membre suppléant du Bureau politique du CC du
PCUS et premier secrétaire du comité du PC de Leningrad, est venue
assister ŕ une session de la section du Nord-Ouest de l’Association sociologique
d’URSS. Par le passé, des sociologues auraient été convoqués
chez les dirigeants pour recevoir soit un blâme, soit une commande pour
un sondage ŕ « résultats voulus ». Aprčs le remaniement de la direction de
l’Association ŕ Moscou et dans les autres villes soviétiques, les patrons du
PC de Leningrad avaient rompu tout contact avec les sociologues. En
1989, cependant, ils sont venus ŕ l’improviste, disposés ŕ écouter les considérations
des chercheurs sur les causes de l’échec du PC aux élections
parlementaires.
Il est dommage que le malade ait tardé ŕ appeler le médecin.
Misérable et constamment persécuté par les autorités, ce médecin a montré
qu’il savait non seulement porter un diagnostic sur le présent mais aussi
prévoir l’avenir. Voilŕ ce qu’en écrivait dans les Izvestia du 23 mai 1989
Vladimir Yadov, directeur du Centre fédéral d’étude de l’opinion
publique, au cas des élections au parlement fédéral :
Voir la réalité sociale en face. Lŕ, le rôle de la sociologie ne peut tre sous-estime.
Notamment, comment la sociologie envisage-t-elle le problčme de l’individu ? Elle
commence par les traditions historiques et culturelles. Far exemple, les Russes
orthodoxes voyaient l’homme comme le jouet de forces extraterrestres et le travail
comme une punition divine. Dans notre civilisation, dans notre tradition culturelle
et historique, chacun a pris l’habitude de compter sur Dieu, sur son guide, sur sa
collectivité. La suppression de l’individualité personnelle rentrait parfaitement dans
le cadre socio-culturel traditionnel.
Tout comme la psychologie sociale, la sociologie est appelée ŕ étudier ces réalités, ŕ
analyser le processus de destruction des structures sclérosées au sein de la société.
Les sociologues sont-ils prts ŕ exécuter cette commande de la société ?
Les sondages d’opinion apportent une contribution de poids ŕ la promotion de la
démocratie et ŕ la perestroka. La société a besoin de ce suivi de l’opinion publique
car cette derničre est sujette ŕ des changements et ŕ des fluctuations. Les changements
d’opinion se répercutent sensiblement sur la pratique sociale et politique.
Notamment, une équipe de chercheurs de l’Institut de sociologie de l’Académie des
sciences de l’URSS sous la direction d’A. Démidov s’est risquée ŕ prédire les résultats
des élections des députés du peuple dans une circonscription de Moscou, l’arrondissement
de Sébastopol, lŕ oů se trouve le sičge de l’Institut. Les électeurs
avaient ŕ choisir entre trois candidatures : l’académicien Bogomolov, directeur de
l’Institut de l’économie socialiste, Briatchikhine, le premier secrétaire du PC dans
cet arrondissement, et Sérédine, contrematre de l’usine de constructions
mécaniques n°2.
Les sondages ont été réalisés deux semaines avant les élections et la veille du vote.