les médias sous gorbatchev

Le prix des secrets
trčs faible tirage, a osé donner ŕ l’article du député Lopatine le titre qui
convient : « Le budget militaire est un monstre dans le brouillard.
L’imbrication des dépenses militaires et non militaires est telle que les
statistiques officielles ne peuvent pas, pour le moment, avancer de
chiffres, mmes approximatifs, qui inspireraient confiance. Ce qui
arrange, évidemment, les départements intéressés ». Connaissant l’expérience
du régime stalinien et des « pays socialistes frčres d’Europe de
l’Est », on admet sans peine que les principaux départements de défense
et de maintien de l’ordre préféreront en cas de menace réelle détruire
leurs archives plutôt que de laisser qui que ce soit, et mme un spécialiste,
y fourrer son nez.
Tout ce que nous avons obtenu pour le moment, c’est que certains
de nos journalistes osent énoncer, par endroits et par moments,
des considérations véridiques. Si seulement tous les Soviétiques pouvaient
savoir ce que A. Gorchkov, collaborateur du Centre de calcul
principal du Conseil des ministres de l’URSS, a écrit dans la Nézavissimaa
gazeta du 5 janvier 1991 sous le titre « Récolte inoue de
céréales : le mensonge le plus grossier de l’année ! » En voici le soustitre
: « Cet été, notre pays sous-alimenté a rentré 300 millions de
tonnes de céréales, véritable manne nous tombant du ciel, récolte
inoue dans l’histoire de notre pays. Répété tous les jours par les
médias, ce chiffre magique eűt pu tre la sensation de l’année, s’il
n’avait pas été un bluff grandiose... »
Au lieu de 300 millions de tonnes, il a été récolté environ 220 millions
de tonnes, soit, ŕ population égale, autant qu’Etats-Unis, au
Canada, en Argentine et en Australie. A cette différence prčs que ces pays
récoltent, stockent et mme exportent. Quant ŕ nous, nous ne semblons
mme pas capables de rentrer la récolte et de la conserver. A quoi bon ? Il
est plus facile d’acheter des céréales outre-Atlantique. Cela cause moins
de soucis. Seul le Comité d’Etat de l’URSS aux statistiques connat précisément
(ou croit connatre) le volume réel de la récolte et des stocks,
mais il ne publie pas ces chiffres. L’autorisation n’en peut tre donnée que
par le Glavlit sur ordre des plus hauts responsables soviétiques. Le gouvernement
Ryjkov avait besoin de ce « canard » (300 millions de tonnes)
pour rabattre les prix des exportateurs mondiaux de céréales et introduire
dans certaines régions et républiques l’état d’urgence sous prétexte de «
sauver cette récolte inoue ».
A partir du 21 janvier 1991, les Izvestia avaient publié pendant
deux semaines une série d’articles ennuyeux (cas sans précédent pour
ce journal) sur la tragédie du Boeing sud-coréen abattu au-dessus de
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