les médias sous gorbatchev

« On repart ŕ zéro... »
publique (VTSIOM) est en train d’tre formé. Les deux emploient moins de 500
personnes. Déduction faite des mathématiciens et des personnels auxiliaires de
toute sorte, il ne reste que 200 véritables sociologues, mais on peut y ajouter les services
sociologiques de certains instituts. Donc, on ne peut dire que tous les problčmes
sont étudiés de maničre détaillée et exhaustive. Il y a des sociologues qui étudient le
PC. Certains d’entre eux travaillent ŕ l’Institut du marxisme-léninisme auprčs du
CC du PCUS.
En ce qui concerne l’armée, la situation me semble aussi révoltante. Non seulement
le trčs vaste éventail de problčmes nationaux liés au maintien d’une armée géante -
et dont le gigantisme reste d’ailleurs ŕ justifier -non seulement ces problčmes ne sont
pas étudiés, pas plus que les rapports existant au sein de l’armée, mais encore les
sociologues n’ont pratiquement pas la possibilité de travailler sur le terrain. Il n’y a
pas de sociologues dans les régions militaires et dans les grandes unités, mais
uniquement dans les organismes centraux oů ils n’ont évidemment pas le moyen
d’étudier objectivement la situation dans les troupes.
– Pendant des années l’usage était que de nombreuses informations demeurent
secrčtes y compris pour vous, les sociologues. Qu’en est-il aujourd’hui ?
– Hélas, la situation n’a pas changé. Seules des informations d’intért secondaire
ont été rendues publiques. Il suffit de dire que jusqu’ici personne ne connat les
budgets des organisations sociales non-gouvernementales. On ne sait rien du systčme
fermé de distribution des biens matériels et culturels. Rien que des rumeurs.
La situation est pareille en ce qui concerne la santé publique. Nous n’avons toujours
pas accčs ŕ bien des sources médicales dont nous avons besoin pour mener nos
recherches. Par exemple, est toujours interdite la publication de données sur le systčme
pénitentiaire soviétique. Nous ne disposons pas d’informations fiables sur les
budgets familiaux.
– Bien des sociologues préparent des informations pour la prise de décisions au
niveau du gouvernement...
– Mes collčgues cherchent ŕ faire en sorte que les études sociologiques soient accessibles
aux plus larges couches de Soviétiques. Le problčme est ailleurs. Aussi paradoxal
que cela puisse paratre, les fonctionnaires haut placés qui disposent d’informations
variées provenant de toutes parts exigent de nous des rapports sans nous
mettre au courant de ces informations. Souvent, les sociologues se retrouvent dans
une situation ambiguë : les autres ont les informations et c’est nous qui devons leur
fournir les idées. Cette situation paradoxale existe depuis Brejnev.
– Ne pourriez-vous pas nous citer un exemple ?
– On travaille actuellement ŕ des questions relatives ŕ la politique nationale.
Pourtant bien des données sur la structure de l’économie nationale dont l’industrie
de guerre sont considérées comme absolument secrčtes. Comment puis-je dire que
les Estoniens ou les Lettons ont raison de présenter telle revendication si je ne connais
pas la réalité, les données réelles. D’autant plus que certaines entreprises de
l’industrie de guerre ne sont pas comprises dans les statistiques territoriales. Leurs
423