03.08.2013 Views

les médias sous gorbatchev

les médias sous gorbatchev

les médias sous gorbatchev

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

444 L'opinion publique en URSS<br />

peut-tre simple : ŕ l’époque oů il n’y avait pas d’armes nucléaires ni d’accidents<br />

semblab<strong>les</strong> ŕ celui de Tchernobyl, la vie d’un pays donné ne semblait<br />

pas dépendre autant des autres.<br />

Aujourd’hui le quatričme pouvoir de notre Etat, soutenu par <strong>les</strong><br />

efforts des radios occidenta<strong>les</strong> diffusant en russe, apporte ses premiers<br />

résultats tangib<strong>les</strong>. En principe, <strong>les</strong> autorités ne sont plus en mesure de<br />

garder éternellement secrčtes des informations ou de faire circuler des<br />

désinformations éhontées. Les Soviétiques commencent ŕ ouvrir <strong>les</strong> yeux.<br />

Leur opinion change et souvent trčs vite. Voici un extrait de l’interview<br />

de Vladimir Yadov, président de l’Association sociologique soviétique<br />

depuis janvier 1991, directeur de l’Institut de sociologie de l’Académie des<br />

sciences de l’URSS, parue le 6 mai 1989 dans Sovietskaa koultoura, journal<br />

ŕ tirage assez faible :<br />

En tant que chercheur qui étudie depuis longtemps la dimension sociopsychologique<br />

de l’individu, je puis affirmer que des changements se produisent plus<br />

vite qu’on ne le crot dans la conscience des Soviétiques.<br />

Il y a trčs peu de temps, l’été dernier, j’écrivais que nos prémisses socioculturel<strong>les</strong><br />

avaient formé un type de personnalité enclin ŕ la soumission, ŕ l’exécution des directives<br />

et que le sens de la responsabilité individuelle n’était pas le trait le plus fort de<br />

nos caractéristiques socia<strong>les</strong>, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce phénomčne puise<br />

ses racines dans notre passé.<br />

Notre caractčre a été conditionné pour beaucoup par le féodalisme, par le retard<br />

dans l’implantation des rapports monétaires et marchands ainsi que par une<br />

philosophie basée sur l’esprit de coterie. La position de l’Eglise orthodoxe russe a<br />

apporté sa contribution elle aussi : elle prive l’homme de toute initiative. Dans le<br />

Protestantisme, au contraire, chacun doit choisir sa voie vers Dieu ; dans la croyance<br />

orthodoxe, c’est l’Eglise qui indique cette voie. Autant de facteurs qui limitaient<br />

l’autonomie de l’homme : gage de sa grandeur, comme le disait le grand<br />

počte Pouchkine. Le stalinisme a encore accru l’humiliation et l’oppression de la<br />

personnalité en érigeant la philosophie du rouage ŕ la hauteur d’une politique<br />

d’Etat.<br />

Et maintenant, ce mme homme est censé suivre la voie de la perestroka. Il me<br />

semblait, ŕ tort, qu’il serait trčs difficile de le faire bouger. Aujourd’hui <strong>les</strong><br />

Soviétiques sont trčs nombreux ŕ vivre une vie politique et sociale normale, ŕ ne plus<br />

se considérer comme des rouages.<br />

– A l’heure oů <strong>les</strong> sociologues parlent de politisation des consciences en URSS,<br />

comment formuleriez-vous l’objectif des <strong>médias</strong> ?<br />

– Pendant longtemps, pour un homme moyen le terme «politique» était associé aux<br />

relations entre <strong>les</strong> Etats ou bien ŕ la propagande des résolutions d’instances<br />

dirigeantes. A présent, de nombreux Soviétiques comprennent enfin que la politique

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!